L’actrice Céline Sallette réalise un remarquable film qui illustre une phase particulière de la vie de l’artiste Niki de Saint Phalle.
Les biopics artistiques ont le vent en poupe. En 2023, Martin Provost a proposé son film consacré à Pierre Bonnard tandis que Wim Wenders a révélé son documentaire mettant en lumière l’œuvre d’Anselm Kiefer.
Actuellement, c’est Céline Sallette qui fait ses débuts de réalisatrice avec Niki, son premier long-métrage. Ce film, interprété par Charlotte Le Bon, Damien Bonnard, John Robinson et Judith Chemla, a charmé la critique lors du Festival de Cannes. Il sortira en salle le 9 octobre 2024.
Niki racontée à travers trois segments
Céline Sallette a choisi de se concentrer sur un moment déterminant dans la vie de son protagoniste. L’histoire débute dans les années 1950, où Niki (jouée par Charlotte Le Bon) quitte les États-Unis pour s’établir en Europe. Mariée à l’écrivain américain Harry Mathews, elle enchaîne de petits rôles au cinéma tout en travaillant comme mannequin. Leur amour est libre, mais Niki est hantée par ses traumatismes. Elle garde sous son lit une collection de couteaux et d’armes pour apaiser ses angoisses nocturnes.
Face à cette situation inquiétante, son mari l’accompagne chez un psychiatre. Niki passe alors plusieurs semaines dans un hôpital de Nice, où elle subit des traitements par électrochocs, courants à l’époque mais peu propices à l’expression de ses blessures profondes. Pourtant, elle est marquée par un traumatisme d’enfance, ayant été violée par son père.
« J’ai eu la chance de découvrir l’art car j’avais, psychiquement parlant, tout ce qu’il fallait pour basculer dans le terrorisme. Plutôt que cela, j’ai utilisé le fusil au profit de l’art. »
Niki de Saint Phalleartiste
Céline Sallette explore la transformation de Niki de Saint Phalle en trois étapes : de l’incompréhension à la prise de conscience, puis au combat. « J’ai passé des mois à lire, écouter, et étudier des récits d’inceste, ce qui m’a profondément remué. Camille Kouchner, Charlotte Pudlowski, Christine Angot, Neige Sinno et bien d’autres… Depuis ce cauchemar, Niki a survécu avant de renaître. Elle est une inspiration, » confie la réalisatrice.
La performance de Charlotte Le Bon dans le rôle de Niki est pleine de grâce, alors qu’elle incarne avec finesse les hauts et les bas émotionnels de l’artiste. Malgré ses périodes de dépression, Niki canalise sa fureur dans son travail artistique et ses engagements.
L’art utilisé comme guérison
Dans son film, Céline Sallette suit avec sensibilité la transformation de Niki. Comme un kaléidoscope multidimensionnel, la véritable Niki se dévoile grâce à ses interactions avec des artistes du Nouveau Réalisme, qu’elle rencontre dans l’impasse Ronsin à Paris.
Dans cet atelier parisien, des figures telles que Brancusi, Yves Klein, Max Ernst et Arman convergent pour créer dans une ambiance de partage et de joie. Néanmoins, c’est principalement sa rencontre avec Jean Tinguely (interprété par Damien Bonnard) et son épouse Eva (jouée par Judith Chemla) qui se révèle cruciale. Avec Jean, elle partage sa fascination pour les sculptures chatoyantes de Gaudí, tandis qu’Eva l’aide à exprimer sa peine. Le couple lui offre l’apaisement et la certitude qu’elle est une artiste unique.
Influencée par eux, Niki parvient à se libérer des attentes des marchands d’art traditionnels, développant ainsi son propre style et sa méthode de création.
Informations sur le film
Genre : Biopic
Réalisatrice : Céline Sallette
Scénario : Céline Sallette et Samuel Doux
Distribution : Charlotte Le Bon, Damien Bonnard, John Robinson, Judith Chemla
Pays : France
Durée : 1h38
Sortie : Prochainement
Synopsis : En 1952, Niki déménage à Paris avec son époux et leur fille, échappant à une Amérique oppressante. Toutefois, son passé continue de la hanter, ressurgissant sans cesse. Malgré l’obscurité, elle trouve dans l’art un moyen de se libérer de ses chaînes psychologiques.