Christian Lara a puisé l’inspiration de son dernier film dans un événement dramatique survenu en 1956 qui a profondément marqué la Guadeloupe, son île natale.
L’Homme au bâton, légende créole, est le dernier long métrage du versatile cinéaste Christian Lara, une figure essentielle du cinéma antillais. Ce film, à découvrir dès le mercredi 9 octobre, plonge profondément dans l’histoire sombre de la Guadeloupe, ravivée par la découverte macabre de deux femmes assassinées violemment, une tragédie qui résonne d’un écho passé.
Christian Lara, qui nous a quittés il y a un an, offre au public une enquête à la fois académique et mystique, explorant sa propre interprétation d’affaires criminelles non résolues issues de l’année 1956. C’est cette énigme qui a donné naissance à la légende du « Homme au bâton », un sombre personnage accusé de violer et tuer des femmes dans l’obscurité de la nuit. Était-il un être tangible ou une émanation du mystérieux « Bawon Samedi », le redouté maître des âmes défuntes ?
Dans ce récit cinématographique, Lara confie la résolution de l’énigme à un duo que tout semble opposer, mais qu’il parvient à unir : Luc Saint-Eloy campe le capitaine Pierre Mombin et la talentueuse Julienne Traventhal incarne le lieutenant Mélissa Louis-Joseph. Ensemble, ils plongent dans les mystères et mythes de l’île, affrontant des peurs profondément ancrées dans l’inconscient collectif de la population locale.
Afin de résoudre tant les crimes anciens que contemporains, ces enquêteurs naviguent entre la réalité tangible et un monde mystique, un univers où les médiums deviennent leurs alliés inespérés. Ce cadre insulaire paradisiaque, inondé par une lumière éblouissante, sert de toile de fond à une exploration des abîmes de l’âme humaine, baignant entre rêve éveillé et hallucination. Lara juxtapose avec maestria différentes époques en utilisant des clés chromatiques distinctes pour mieux disséquer l’intrigue tout en enrichissant le mystère.
Une spiritualité archaïque
Le propos de Lara trouve une résonance moderne dans le débat autour des féminicides et de la violence faite aux femmes. À travers l’enquête, une dimension politique émerge. Le réalisateur semble suggérer que des interprétations teintées de mysticisme et de pseudo-science ne sont que des diversions trompeuses pour apaiser les craintes du peuple.
En exploitant, fidèlement à son habitude, les vastes intrigues et contes des Antilles, souvent absentes du paysage cinématographique français, Lara présente une proposition cinématographique robuste. Aux tensions inhérentes au genre du polar, il ajoute une couche de suspicion liée à cette vieille spiritualité introduite par les descendants des esclaves africains dans l’archipel. En bref, à travers ce travail ultime, Christian Lara orchestre une fusion vibrante de ses passions cinématographiques et de son amour pour la Guadeloupe, tout en insufflant une nouvelle vie à une légende ancrée dans l’imaginaire local avec intelligence et espièglerie.

Détails techniques
Catégorie : Policier, Drame
Réalisé par : Christian Lara
Distribution : Luc Saint-Eloy, Julienne Traventhal, Gustave Sorgho
Origine : France
Durée : 1h21
Date de sortie : 9 octobre 2024
Diffuseur : Night Ed Films
Intrigue : Au cœur de la Guadeloupe, le corps de deux femmes est retrouvé, victimes d’une attaque brutale. Ces événements réactivent la légende de l' »Homme au bâton », tueur mystérieux des années 1956, jamais appréhendé pour ses crimes identiques. Le capitaine Pierre Mombin et le lieutenant Mélissa Louis-Joseph reviennent sur cette période trouble, essayant de lier ces meurtres non résolus avec les atrocités actuelles.