Thierry Fiorile et Matteu Maestracci présentent les nouveaux films à l’affiche cette semaine, parmi lesquels on trouve « Miséricorde » réalisé par Alain Guiraudie ainsi que « Barbès, Little Algérie » dirigé par Hassan Guerrar.
Commençons avec Miséricorde, un film réalisé par Alain Guiraudie, un cinéaste qui préfère les paysages ruraux aux circuits habituels de la capitale. Le scénario nous transporte dans une enquête criminelle au cœur de la campagne occitane, où les événements prennent rapidement une tournure inattendue et humoristique. On découvre le village imaginaire de Saint-Martial à travers les yeux de Jérémie. Ce dernier se rend sur place pour assister aux funérailles de son ancien patron, un boulanger, et passe quelques jours chez la veuve et le fils du défunt.
La simple présence de Jérémie dans le village, ainsi que ses actes impulsifs, modifient profondément l’ordre social de cette petite communauté et perturbent son atmosphère, menant à un bouleversement tragique. De plus, il noue une alliance surprenante avec un prêtre peu conventionnel.
Le film regorge d’ironie et de situations étranges, avec des questionnements moraux et des scènes cocasses dans un village de l’Aveyron, parfois agrémentées de personnages sans vêtements. Cela en fait une œuvre purement Guiraudie, avec un rythme joueur et déconcertant. Après avoir vu ce film, votre regard sur les champignons en forêt pourrait bien changer…
Barbès, Little Algérie par Hassan Guerrar
Ce premier long métrage est signé par Hassan Guerrar, une personnalité bien connue du cinéma français, officier de presse depuis quatre décennies. Son parcours est atypique pour ce Franco-Algérien qui a grandi dans un environnement urbain, se liant d’amitié avec des célébrités. Bien que souvent considéré comme franc-parler et parfois colérique, Hassan possède un côté attachant et son film, très personnel, illustre cela parfaitement.
Le protagoniste, Malek, partage également une double nationalité. Célibataire dans la quarantaine avec une carrière stable, il s’installe à Montmartre, tout près de Barbès, juste avant le confinement. Malek nous sert de guide dans ce quartier qui a longtemps été un point d’entrée pour l’immigration venant du Maghreb. Avec l’arrivée de son neveu du pays d’origine, les souvenirs d’un passé familial complexe refont surface, jusqu’à la réconciliation avec une identité multicouche. Le rôle est magistralement interprété par le rappeur Sofiane Zermani.
Selon Hassan Guerrar, Barbès est un lieu de confrontations, de tensions, mais aussi de solidarité et d’entraide, illustrée par les distributions de repas à l’église Saint-Bernard, rassemblant diverses communautés. Barbès, Little Algérie capte cette essence sans prétention, déconstruisant les clichés sur ce coin de Paris qui oppose toujours résistance à la gentrification dominante.