Il y a vingt ans, Éric Tanguy, un compositeur renommé, avait créé une œuvre orchestrale spécialement destinée à un récitant ami. Aujourd’hui, cette perte le touche profondément, et il exprime sa grande tristesse face à la disparition de cet ami cher.
Dans la nuit du 3 au 4 octobre 2024, à Paris, Michel Blanc, l’acteur renommé, s’est éteint à l’âge de 72 ans. Une facette peu connue de cet artiste est sa profonde passion pour la musique classique. Selon le compositeur Éric Tanguy, un ami proche du défunt, cette passion représentait environ la moitié de son existence. Ensemble, ils avaient, deux décennies auparavant, concrétisé le rêve de Michel Blanc d’apparaître sur scène avec un orchestre symphonique.
Depuis son enfance, Michel Blanc s’était plongé dans l’univers de la musique classique, une passion inconnue pour beaucoup. « Parmi les musiciens, il était reconnu pour cette passion inébranlable, » confie Éric Tanguy. « Il maîtrisait remarquablement le piano, surtout les œuvres de Brahms et Chopin. »
Un pianiste éclairé amateur
Bien qu’il sache qu’il n’était pas destiné à être pianiste de concert, « il éprouvait souvent du regret ne de pas pouvoir interpréter un concerto de Mozart pour piano et orchestre, » rapporte Tanguy. Reconnu pour ses compositions, notamment celle dédiée au violoncelliste Rostropovitch, Éric Tanguy a proposé une collaboration au début des années 2000 : « Marions la musique à ton talent d’acteur. Je vais créer une œuvre pour récitant et orchestre. » Le texte, quant à lui, a été confié à l’homme de télévision Xavier Couture. Ce dernier a écrit Sénèque, dernier jour, un monologue dramatique sur les dernières heures du sage précepteur de Néron.
Le Concerto pour récitant et orchestre d’Éric Tanguy a pris vie le 7 novembre 2004 lors d’une représentation à l’Opéra de Rennes, en compagnie de l’Orchestre de Bretagne. « Pour Michel, réciter aux côtés d’un orchestre symphonique était un moment empreint d’une émotion intense. Son rêve prenait enfin forme, » confie Tanguy. Par la suite, cette pièce a été enregistrée avec l’Orchestre national de France sous la direction d’Alain Altinoglu, avec Michel Blanc en voix narratrice.
Les deux amis avaient l’intention de prolonger leur collaboration. Michel Blanc avait rédigé le texte pour un opéra de chambre, composé par Éric Tanguy. Inspiré d’une pièce du dramaturge canadien Morris Panych, intitulée Photo d’un enfant avec une trompette, ce projet attendait encore d’être porté sur scène.