Le chef du gouvernement mise particulièrement sur la participation volontaire des « internes, qu’ils soient français ou étrangers, » dans les zones où l’offre médicale est insuffisante. Il souhaite également accorder « davantage de responsabilités » aux infirmiers dans le traitement des patients.
Michel Barnier s’attelle à l’un des « grands projets » de son gouvernement. Lors de son discours de politique générale ce mardi 1er octobre, le Premier ministre a multiplié les propositions pour améliorer le secteur de la santé. Barnier s’est engagé à faire de la lutte contre les déserts médicaux et la pénurie de personnel soignant « l’une des priorités » de son mandat.
« Nous devons trouver des solutions locales efficaces pour les patients et collaborer avec tous les professionnels de santé afin de relever les grands défis de l’hôpital et des déserts médicaux », a souligné le chef du gouvernement. Voici les principales mesures qu’il a évoquées.
Un programme de volontariat pour inciter les internes à s’installer dans les déserts médicaux
Michel Barnier veut mettre en place un « nouveau programme » nommé « Hippocrate ». Ce programme permettrait aux internes, qu’ils soient français ou étrangers, de s’engager volontairement, pour une durée déterminée, à travailler dans les zones qui manquent le plus de médecins. Le Premier ministre a précisé que ce programme de volontariat serait réalisé « grâce au soutien de l’État et des collectivités locales », sans donner plus de détails.
« L’époque où l’on craignait de former trop de médecins est révolue. Nous allons intensifier nos efforts » a-t-il également affirmé. En début d’année, l’ancien Premier ministre Gabriel Attal avait promis d’augmenter la capacité de formation en médecine, passant de 10 800 étudiants en deuxième année en 2023 à 12 000 en 2025, puis à 16 000 d’ici 2027. Cependant, cet objectif est jugé « irréaliste » par les doyens des facultés de médecine.
Le gouvernement prévoit également de faire appel aux « médecins retraités », en leur permettant de reprendre du service avec un cumul avantageux entre salaire et retraite. Il souhaite par ailleurs « déployer plus rapidement les assistants médicaux, les bus de santé, et les regroupements de professionnels de santé », tout en développant davantage la télémédecine, entre autres initiatives.
Une loi pour renforcer le rôle des infirmiers dans les soins aux patients
Pour « accélérer l’accès aux soins », le gouvernement souhaite proposer une « loi ‘infirmières-infirmiers' » permettant de mieux reconnaître leur expertise et leurs compétences, tout en leur donnant un rôle plus large dans la prise en charge des patients. Longtemps attendue par les professionnels, une proposition de loi à ce sujet devait être présentée au Parlement au printemps dernier, avant d’être interrompue par la dissolution de l’Assemblée.
« Nous sommes très satisfaits de l’écoute et du pragmatisme du Premier ministre face à cette urgence », a réagi Sylvaine Mazière-Tauran, présidente de l’Ordre des infirmiers, tout en appelant l’exécutif à publier certains décrets en attente, notamment ceux ouvrant de nouveaux droits de prescription pour les infirmiers en pratique avancée.
Michel Barnier a aussi annoncé vouloir aller « plus loin » en élargissant les compétences des « pharmaciens et des kinésithérapeutes ». Cette initiative a été saluée par la Fédération Française des Masseurs Kinésithérapeutes Rééducateurs (FFMKR).
Des initiatives axées sur la prévention et la santé mentale
Le Premier ministre a également indiqué que la santé mentale sera la « grande cause nationale » de 2025. « Les crises successives, notamment celle du Covid, ont eu un effet significatif et aggravant sur la santé mentale de nombreux Français », a-t-il déclaré, ajoutant que « les problèmes de santé mentale touchent un Français sur cinq ».
Michel Barnier a également promis « d’investir » dans la prévention des comportements à risque, ainsi que dans l’intensification des dépistages et le développement du sport-santé. Parmi ses annonces, il a évoqué la « simplification et suppression » de la « paperasse » qui alourdit le travail des soignants. « Selon certains médecins, réduire les formalités administratives permettrait d’augmenter de 15% le temps consacré aux consultations », a-t-il soutenu.
Reprise des discussions sur la fin de vie et renforcement des soins palliatifs
Concernant la fin de vie, Michel Barnier a promis que les discussions, interrompues suite à la dissolution de l’Assemblée nationale par Emmanuel Macron, reprendront « en début d’année prochaine ». Pour « accompagner les personnes en fin de vie », « nous reprendrons le dialogue avec les députés, le Sénat, les soignants et les associations, en début d’année prochaine », a-t-il expliqué. Il a également assuré que les « efforts pour développer les soins palliatifs seront renforcés dès 2025 ».