Lundi marque le début d’un séjour de trois jours du chef de l’État au Maroc. Cette visite représente une opportunité pour lui de s’impliquer dans les relations internationales, surtout dans un contexte politique où la cohabitation rend nécessaire de renforcer sa présence sur la scène politique.
On peut dire que le président de la République doit ressentir une certaine oisiveté depuis l’échec de la dissolution qu’il avait envisagée et encore plus depuis l’arrivée de Michel Barnier sur le devant de la scène. Habitué à avoir son mot à dire sur tous les sujets, il doit désormais se faire plus discret. C’est un peu comme demander à une personne hyperactive de se contenter de jouer au scrabble. En conséquence, Emmanuel Macron s’oriente vers ce qui lui reste : les affaires étrangères, une approche similaire à celle de ses prédécesseurs, Mitterrand et Chirac, pendant les périodes de cohabitation.
Cependant, chaque mot prononcé a désormais une portée internationale. Moins il s’exprime sur la scène nationale, plus ses interventions au niveau international résonnent. À titre d’exemple, ses récents commentaires lors d’un conseil des ministres sur Israël et la résolution des Nations Unies ont eu des répercussions significatives. Même s’il a démenti ces propos, certains ministres présents les ont confirmés, ce qui n’a fait qu’attiser un brasier déjà très intense. Cela amène une ministre, pourtant proche de la ligne macroniste, à affirmer que « l’international n’est peut-être pas le terrain idéal pour se forger une stature politique », tant la situation est explosive.
L’art délicat de la diplomatie
C’est apparent également au Maroc, où Emmanuel Macron doit essayer de convaincre sans offenser l’Algérie voisine. Peut-être que c’est le moment pour le président d’apprendre réellement les subtilités des affaires internationales. Il était plutôt un chef d’État axé sur les questions intérieures. Venant des percutantes déclarations habituelles, il doit désormais s’exercer à l’art complexe de la diplomatie. Une remarque bien reçue à Paris peut avoir des effets dévastateurs ailleurs. Emmanuel Macron découvre à ses dépens le fameux effet papillon.
S’ajoute à cela son isolement politique en France, ce qui complique davantage sa tâche. Les autres dirigeants européens et internationaux sont bien conscients de sa position affaiblie. Lors des rencontres au sein du Conseil de l’Europe, Emmanuel Macron n’affiche plus le même éclat. À l’inverse, Giorgia Meloni, la dirigeante italienne, s’appuie sur ses victoires électorales nationales. Comment prendre au sérieux les grandes ambitions européennes d’un président qui ne peut même plus garantir que son Parlement ratifie les traités ? Celui qui aspirait à devenir le nouveau meneur de l’Europe, et même à défendre la « grandeur de la France » sur la scène mondiale, doit apprendre à faire preuve d’humilité et de prudence.