Dans certaines parties du monde, la démocratie est remise en question. Cependant, des scientifiques ont fait une découverte intéressante en République centrafricaine : les gorilles employent le vote dans leur vie quotidienne.
Bien que les gorilles vivent généralement sous l’autorité d’un seul mâle adulte dominant, il semblerait qu’ils adoptent un système décisionnel basé sur la démocratie. C’est ce qu’ont découvert des chercheurs de l’université de Neuchâtel en collaboration avec le Muséum d’histoire naturelle de Paris, suite à leurs observations de ces primates en République centrafricaine, comme le révèle une étude publiée le mercredi 23 octobre 2024.
Ce système décisionnel intervient principalement lors des déplacements en forêt, déterminant le moment et l’endroit où se rendre, spécialement dans le but de chercher de la nourriture et d’éviter les affrontements avec d’autres groupes de gorilles.
Une méthode originale pour prendre des décisions
Ce mode de vote, loin des procédés traditionnels de bulletins secrets, repose sur des grognements doux et presque imperceptibles. C’est ainsi une forme de démocratie apaisée, qui s’appuie sur un système de quorum, selon les observations des chercheurs. La décision de se déplacer est validée lorsque le nombre de grognements atteint un seuil, permettant même de diverger d’opinion par rapport au leader.
La trajectoire à suivre est également déterminée par cette approche collective. Pour ce faire, les membres les plus expérimentés du groupe se consultent, un processus similaire à celui observé chez d’autres animaux tels que les dauphins, les suricates ou encore les éléphants. Ce qui distingue les gorilles de ces autres espèces est l’usage du quorum, un procédé qui semble être partagé uniquement avec les humains, selon les connaissances actuelles.
Pour la primatologue Shelly Masi, ayant pris part à cette étude, ce mode démocratique est une question de survie, soulignant l’importance d’une harmonisation qui respecte l’opinion de chacun. La nécessité d’une décision collégiale quant à la direction à prendre est évident, car tirer parti des connaissances géographiques et botaniques de plusieurs membres permet au groupe d’augmenter les chances de localiser des arbres fruitiers et donc de subvenir à leurs besoins alimentaires. C’est l’avantage d’un bon meneur de comprendre que, malgré son autorité, prêter l’oreille à son groupe est bénéfique pour tous.