Dans les rangs du gouvernement, Bruno Retailleau, qui occupe le poste de ministre de l’Intérieur, exprime son intention de diminuer l’Aide Médicale d’État (AME). Parallèlement, Geneviève Darrieussecq, en charge du ministère de la Santé, manifeste son opposition à toute modification de ce dispositif. En ce qui concerne le Premier ministre, Michel Barnier, il n’a pas encore pris de position précise sur cette question.
Peu de précisions ont été fournies concernant le projet de loi sur l’immigration récemment annoncé par le gouvernement, le dimanche 13 octobre. Cependant, un terme potentiellement controversé pourrait y figurer : l’AME, qui signifie aide médicale d’État. Ce dispositif permet aux étrangers résidant en France depuis trois mois d’accéder gratuitement à des soins médicaux, dentaires et à des médicaments. Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, souhaite le transformer en une aide d’urgence médicale, limitée uniquement aux soins essentiels. Cette proposition est loin de faire l’unanimité parmi les membres du gouvernement, en particulier les macronistes et les centristes.
À la suite d’une première déclaration du ministre, Geneviève Darrieussecq, elle-même ministre de la Santé affiliée au MoDem et médecin de formation, a pris la parole sur 42mag.fr pour défendre l’AME. Elle la considère comme « une assurance pour la santé des Français afin d’éviter certaines épidémies ». En privé, son entourage exprime son mécontentement et souligne l’importance de mettre fin à ce qu’ils appellent « les fantasmes ». Selon eux, ceux qui traversent la Méditerranée et parcourent l’Europe ne viennent pas en France pour une simple carie, c’est absurde !>
Elle n’est pas la seule à manifester son désaccord. Un ministre proche de Macron dénonce : « Cela n’a aucune efficacité véritable et ne vise qu’à séduire les sympathisants du rassemblement national ». Il ajoute que l’idée que les étrangers viennent profiter des ressources françaises est inacceptable. En privé, il confie à 42mag.fr que le débat interne au gouvernement promet d’être houleux. D’autres acteurs insistent sur le fait que l’AME ne représente qu’une infime part des dépenses de santé annuelles, soit à peine 0,5%, et que sa suppression totale ne générerait qu’un milliard d’économies.
Des positions divergentes
Il est délicat de déterminer clairement la position du Premier ministre Michel Barnier. Tout en affirmant vouloir « améliorer la gestion de l’AME, sans remettre en question ses principes », il a également procédé à une légère augmentation de son budget, avant de laisser sa porte-parole annoncer une nouvelle loi sur l’immigration sans en préciser les détails.
En parallèle, l’un de ses conseillers confie à 42mag.fr qu’un compromis pourrait être trouvé, suggérant « un ticket modérateur pour garantir que seuls les cas d’urgence vitale soient pris en charge, en excluant les autres traitements ». C’est essentiellement la proposition de Bruno Retailleau. Ainsi, deux orientations distinctes semblent se former progressivement au sein du gouvernement, alors même que l’examen du budget commencera mercredi 16 octobre en commission.