Seulement cinq mois après que le pacte sur l’immigration ait été adopté, les dirigeants européens se réunissent déjà ce jeudi à Bruxelles pour discuter d’un nouvel ajustement restrictif de la politique migratoire. Ces sujets, en grande partie accélérés par la montée des partis d’extrême droite dans de nombreux pays européens, refont surface en tant que priorité.
L’immigration est devenue une priorité pour le gouvernement français et ses partenaires européens. Michel Barnier a récemment dévoilé un projet de loi à venir en 2025, seulement un an après la dernière initiative législative. Ce sujet sera central lors du Conseil européen qui commencera le jeudi 17 octobre à Bruxelles. Les efforts nationaux et européens se rencontreront vendredi à la frontière entre la France et l’Italie, où Michel Barnier, accompagné par Bruno Retailleau, échangera avec les ministres italiens des Affaires étrangères et de l’Intérieur du gouvernement de Giorgia Meloni. Partout en Europe, qu’ils soient de droite, d’extrême droite ou de gauche comme en Allemagne, les gouvernements cherchent des solutions pour mieux gérer les flux migratoires illégaux.
La question de l’immigration est l’une des principales préoccupations des citoyens, entraînant une montée en puissance de l’extrême droite, comme on a pu le constater lors des élections régionales en Allemagne et des législatives en Autriche. Cette dynamique politique pousse à des réformes législatives successives. En France, après la loi Darmanin, c’est la loi Retailleau qui se profile. En Europe, bien que le Pacte sur l’asile et la migration ait récemment été adopté, il ne sera effectif qu’en 2026. Ursula von der Leyen envisage déjà d’aller plus loin, en évoquant des « solutions innovantes », telles que le renvoi de migrants illégaux vers des pays tiers, ou le traitement des demandes d’asile en dehors du continent, à l’exemple de ce que pratique l’Italie avec l’Albanie. Le modèle proposé par Giorgia Meloni influence la Commission européenne et inspire également Bruno Retailleau, qui envisage des discussions similaires avec certains pays tiers.
Ni forteresse ni passoire
Cette dernière initiative de la Commission européenne émerge alors que certains pays, comme la Hongrie, la Finlande et les Pays-Bas, songent à s’affranchir des règles européennes en matière d’immigration. Cette approche avait également attiré l’attention de Michel Barnier lors de sa candidature aux primaires présidentielles des Républicains, quand il plaidait pour une reprise de contrôle sur la « souveraineté juridique ». La Commission cherche donc à reprendre l’avantage sans trop espérer apaiser les tensions entre les extrêmes des deux côtés du débat, qui nourrissent les discussions publiques par des arguments fallacieux. L’UE n’est pas une forteresse hermétique impossible à pénétrer pour les migrants.
L’Union européenne délivre chaque année en moyenne plus de 3 millions de nouveaux permis de séjour, dont plus de 300 000 pour la France. À ces statistiques s’ajoutent plus d’un million de demandes d’asile sur le continent. Compte tenu de la population totale de 450 millions d’habitants dans les 27 États membres de l’UE, dont 68 millions en France, ni l’Europe ni la France ne sont réellement menacées par une « submersion migratoire » comme le prétend Marine Le Pen.