Deux jours après avoir présenté son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre a abordé plusieurs sujets lors de sa participation à l’émission « L’Événement » jeudi soir.
Il réclame « des efforts de tous ». Deux jours après son intervention devant l’Assemblée nationale, Michel Barnier a accordé une interview importante dans l’émission « L’Événement », diffusée sur France 2, le jeudi 3 octobre. Budget pour 2025, gestion de l’immigration, situation au Proche-Orient… Voici quelques points clés de cette intervention du tout nouveau Premier ministre.
Sur le Proche-Orient : « Israël agit en légitime défense »
Les premiers moments de l’entretien ont été consacrés à discuter des événements au Proche-Orient. « Il y a un risque d’inflammation », a consenti Michel Barnier, tout en affirmant que « je ne pense pas qu’il soit trop tard pour y mettre un terme ». En tant qu’ancien ministre des Affaires étrangères sous Jacques Chirac de 2004 à 2005, il a soutenu qu’« Israël réagit en légitime défense suite aux événements tragiques du 7 octobre ». Il a ajouté que « la sécurité d’Israël est non négociable, et qu’une fois un cessez-le-feu établi, il faudra envisager un avenir pour le peuple palestinien ».
À propos des relations avec l’extrême droite : « Aucune négociation avec Madame Le Pen »
Le Premier ministre veut dissiper toute confusion sur ce point. Il a insisté : « Je ne traite pas avec Marine Le Pen, ni avec les partis de gauche extrême qui ont refusé de participer au gouvernement ». Il a affirmé avoir simplement réitéré à Marine Le Pen ce qu’il avait déclaré à son arrivée à Matignon : « Tous les députés seront traités avec respect, car je dois cela aux représentants de la Nation ». Cela faisait allusion à son recadrage à l’égard de son ministre de l’Économie, Antoine Armand, qui avait estimé que le Rassemblement national ne faisait pas partie « de l’arc républicain ».
Sur les augmentations d’impôts à venir : « 300 entreprises seront touchées »
Lors de son discours sur la politique générale, le Premier ministre a exprimé son intention de « faire preuve de franchise envers les Français », en s’attaquant notamment à la question complexe du projet de loi de finances pour 2025, qui doit être présenté aux élus le 10 octobre. Environ « 300 entreprises » feront face à des hausses d’impôts, et ce, « pour un an, voire deux », a précisé Michel Barnier, ajoutant que la durée serait « fixée lors du vote ». Cet effort « exceptionnel » et « temporaire » concerne les grandes entreprises enregistrant « plus de 1 milliard d’euros de chiffre d’affaires ».
Michel Barnier rejette l’expression de « choc fiscal ». Parmi les 60 milliards d’euros qu’il compte mobiliser dès l’an prochain, plus des deux tiers proviendraient de réductions de dépenses, et le tiers restant d’augmentations d’impôts. Cependant, il insiste sur le fait qu’« on n’entre pas dans une période de rigueur ou d’austérité, car les dépenses publiques continueront d’augmenter, comme l’an dernier. Ce n’est donc pas une politique de rigueur. »
Michel Barnier n’écarte pas la possibilité de recourir à l’article 49.3 de la Constitution pour faire passer le budget : « J’espère qu’il sera adopté par l’Assemblée nationale. Ce sera un budget exigeant, sérieux et responsable. Si nécessaire, le 49.3 sera utilisé car c’est un outil constitutionnel ».
À propos du report de six mois de la revalorisation des retraites : « Je demande des efforts à tous »
L’ancien négociateur du Brexit a également été interrogé sur sa décision de reporter de six mois l’augmentation des retraites. Le Premier ministre a une nouvelle fois souligné la nécessité pour l’État de réaliser 60 milliards d’euros d’économies. Il a ainsi exprimé : « Je demande un effort à chacun, et cet effort sera équitable. Je crois qu’il est juste et proportionné, même si je suis conscient qu’il est difficile ».
Sur les économies : « Nous allons fusionner certains services publics »
Parmi les propositions visant à réduire les dépenses de l’État, Michel Barnier évoque la possibilité de « fusionner certains services publics ». Il envisage même de « ne pas remplacer tous les fonctionnaires qui ne sont pas en contact direct avec le public lorsqu’ils partent à la retraite ».
Sur la fin de vie : « Je soutiens la reprise du travail là où il s’est arrêté »
Au cours de son discours aux députés, Michel Barnier avait déclaré qu’il souhaitait reprendre « le dialogue » seulement « au début de l’année prochaine » concernant le projet de loi sur la fin de vie, dont l’examen avait été interrompu en raison de la dissolution en juin. Sur France 2, le chef du gouvernement a confirmé son souhait de « reprendre le travail là où il avait été laissé ».
Dans le but de « gagner du temps », il souhaite reprendre le projet tel qu’il avait été discuté et amendé, en soulignant : « Il est crucial de traiter ce sujet avec sérieux et gravité, peut-être aussi en écoutant les soignants et les accompagnants ».
Sur les aides sociales : « Je vais initier le chantier de l’allocation sociale unique »
Michel Barnier veut ouvrir « un chantier » qui prendra du temps, celui de « l’allocation sociale unique ». Il exprime la nécessité de faire en sorte « que le travail soit plus rémunérateur que l’ensemble des aides sociales » et de « simplifier cette multitude d’allocations distribuées ».
Ce projet fait partie de ceux annoncés par Laurent Wauquiez, dirigeant des députés de la Droite républicaine (anciennement LR). Celui-ci propose une « allocation sociale unique plafonnée à 70% du SMIC » afin, selon lui, de lutter contre une « culture de l’assistanat ».
Sur l’immigration : « C’est moi qui fixe la politique »
Questionné sur sa vision de l’immigration, le Premier ministre a expliqué que « lorsqu’elle est contrôlée, choisie, et que nous accueillons ceux qui sont en danger », cela devient « un droit et une fierté pour notre pays et pour l’Europe de les accueillir ». Il a souligné le rôle positif de nombreux « sportifs, musiciens et entrepreneurs bien intégrés ».
Au sujet de l’immigration, Michel Barnier a tenu à réaffirmer : « Je décide de la ligne à suivre », répondant ainsi aux récentes déclarations du nouveau ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, qui a exprimé sa perception selon laquelle « l’immigration n’est pas une chance pour la France ».
Sur l’agriculture : « Nous allons marquer une pause sur les règles en vigueur »
À la veille de sa visite dans une exploitation agricole du Puy-de-Dôme, Michel Barnier a souhaité adresser un message aux agriculteurs. « Frappés par des crises sanitaires et de mauvaises récoltes », ils ont « besoin de soutien. Ils sont saturés de règles, de contraintes et de contrôles ».
Il a ainsi annoncé une « pause sur les normes », soulignant que les agriculteurs « travaillent lourdement pour nourrir les Français avec des aliments sains, équilibrés, diversifiés et traçables ».
Au cours de sa déclaration de politique générale, Michel Barnier avait déjà promis d’« apporter son soutien » aux agriculteurs « en cas de crises climatiques ou sanitaires, comme la fièvre catarrhale ovine actuellement ».