En route vers l’Italie pour examiner la législation sur la sécurité et le sujet de l’immigration. Quelle est l’approche adoptée par Giorgia Meloni, la cheffe du gouvernement italien ?
Zoom sur la situation en Italie avec Daniele Zappalà, correspondant à Paris pour le journal italien Avvenire. Analyse de la loi de sécurité promue par Giorgia Meloni, alors que cette proposition législative, déjà approuvée par les parlementaires italiens, envisage l’introduction de nouveaux délits et le durcissement des peines.
Comprendre la nouvelle loi de sécurité
42mag.fr : Quels sont les enjeux pour l’Italie concernant la sécurité et l’immigration ? Pouvez-vous nous expliquer la nouvelle loi sécurité ?
Daniele Zappalà : Cette initiative marque un tournant dans la politique de Giorgia Meloni, jusqu’alors perçue comme en décalage avec l’image d’extrême droite qu’on lui prête en Europe. Avec ce « décret sécurité », l’intention est de serrer la vis, en modifiant le Code pénal et en introduisant de nouveaux crimes et délits.
Un des objectifs de cette loi est de cibler le droit de manifester, notamment en alourdissant les sanctions contre les manifestants qui détérioreraient des biens publics. Cela vise aussi ceux qui s’opposent de manière pacifique lors de manifestations contre des projets importants, tels que le projet récurrent de pont sur le détroit de Messine, reliant la Sicile et la Calabre.
Les associations s’élèvent contre ce texte, qu’elles considèrent comme une menace pour le droit de manifester et de pratiquer la désobéissance civile. En outre, la loi prévoit des peines plus sévères pour les attaques contre les personnels des hôpitaux, des institutions publiques et les fonctionnaires, suscitant des critiques sur un prétendu excès de restrictions des droits fondamentaux constitutionnels.
La gestion de l’immigration par l’Italie
42mag.fr : La rencontre entre Keir Starmer, le Premier ministre britannique travailliste, et Giorgia Meloni a surpris. Que retient-on de ses propos sur l’immigration ?
L’échange s’est déroulé dans l’élégante Villa Doria Pamphilj. Ce qui a marqué les esprits, ce sont les louanges de Keir Starmer envers la politique migratoire de Giorgia Meloni. Confronté à des défis similaires en Grande-Bretagne, il a salué le pragmatisme des mesures italiennes.
L’Italie met en avant une réduction significative des arrivées de migrants, avec une baisse de 60% de janvier à août de cette année par rapport à l’an passé. Toutefois, cette diminution résulte d’une politique contestée : Giorgia Meloni promeut la délocalisation de l’accueil des migrants, avec des accords spécifiques noués avec la Tunisie et l’Albanie, qui voient la construction de centres d’accueil, de tri et de rétention.
Cette stratégie repose sur l’externalisation au-delà des frontières de l’Union européenne, mais elle soulève des questions sur les droits des migrants. Par exemple, les avocats chargés de les représenter doivent régulièrement traverser les frontières. Les implications financières de cette externalisation sont également conséquentes, sans oublier les obstacles posés aux demandeurs d’asile potentiels, qui doivent déposer leurs requêtes dans des conditions plus précaires et en dehors de l’Italie.
Giorgia Meloni face à l’opinion publique
On pourrait croire que Giorgia Meloni est toujours perçue comme un recours par les Italiens, déçus par les échecs successifs des dirigeants de gauche, du centre, et du centre-droit. Elle conserve leur confiance, bien que certains réalisent qu’au sein de l’Europe, elle ne pèse pas autant qu’elle le prétendait initialement.