La leader française d’extrême droite Marine Le Pen, accusée de détournement de fonds du Parlement européen, a affirmé lundi son innocence devant un tribunal de Paris lors de son premier interrogatoire depuis le début du procès le 30 septembre.
Marine Le Pen, ainsi qu’une vingtaine d’autres chefs de parti du Rassemblement national (RN), sont accusés d’avoir détourné l’argent du Parlement européen en créant de faux emplois.
Le Pen avait déjà abordé le procès dès son ouverture le 30 septembre, mais n’avait pas encore été interrogé directement.
« Je n’ai absolument aucun sentiment d’avoir commis la moindre irrégularité, ni le moindre acte illégal », a déclaré lundi Le Pen, 56 ans, devant le tribunal.
Mais lorsqu’on lui a demandé comment elle avait sélectionné exactement ses assistants parlementaires présumés et quelles étaient leurs tâches, elle a donné des réponses générales ou a déclaré qu’elle ne s’en souvenait pas.
« C’était il y a 20 ans », dit-elle.
Elle a dit du Parlement européen qu’il s’agissait d’un « blob qui engloutit tout ».
Marine Le Pen, leader d’extrême droite française, jugée pour détournement de fonds européens
La présidente du tribunal, que Le Pen a accusé la semaine dernière d’adopter un « ton de partialité », s’est dite insatisfaite des réponses de Le Pen.
« Nos questions n’ont pas reçu de réponse, mais elles le seront, j’en suis sûr », a déclaré le juge.
Le RN a obtenu cette année des scores records aux élections européennes, a obtenu de bons résultats lors des élections législatives en France et pourrait décider du sort du nouveau gouvernement minoritaire du Premier ministre Michel Barnier.
Sur le banc des accusés se trouvent le parti RN, neuf anciens députés européens, dont Marine Le Pen et le vice-président du parti Louis Aliot, ainsi que le porte-parole Julien Odoul – l’un des neuf anciens assistants parlementaires – et quatre collaborateurs du RN.
Faux emplois présumés
Le prétendu système de faux emplois, signalé pour la première fois en 2015, couvre les contrats d’assistant parlementaire entre 2004 et 2016.
Les procureurs affirment que les assistants travaillaient exclusivement pour le parti en dehors du Parlement.
Beaucoup n’ont pas pu décrire leur travail quotidien, et certains n’ont jamais rencontré leur supposé chef de député européen ni mis les pieds dans le bâtiment du Parlement.
Un garde du corps, une secrétaire, le directeur de cabinet de Le Pen et un graphiste auraient tous été embauchés sous de faux prétextes.
L’abus de fonds publics peut être puni d’une amende d’un million d’euros, d’une peine de 10 ans de prison et d’une interdiction d’exercer des fonctions publiques pendant 10 ans.
« Risque politique »
« Le principal risque pour le président du groupe RN à l’Assemblée nationale française n’est pas financier, mais politique », a déclaré le mois dernier le quotidien français Le Monde.
Si elle est reconnue coupable, Le Pen pourrait faire appel, ce qui pourrait retarder le verdict final jusqu’après les élections de 2027, lui permettant ainsi de se présenter à la course présidentielle dans ce qui serait sa quatrième tentative pour devenir chef de l’État.
Les autorités du Parlement européen ont déclaré que le Parlement avait perdu trois millions d’euros à cause du programme d’emploi.
Le RN a remboursé un million d’euros, ce qui, assure-t-il, ne constitue pas un aveu de culpabilité.
Les procureurs ont déclaré que Le Pen et son père, l’ancien chef du parti Jean-Marie, avaient tous deux signé un « système centralisé » qui s’est accéléré en 2014.
Aujourd’hui âgé de 96 ans, Le Pen père fait partie des personnes inculpées mais ne devrait pas comparaître devant le tribunal en raison de problèmes de santé.