La France souhaite légaliser les casinos en ligne l’année prochaine, en alignant ses règles sur celles de la plupart des pays de l’UE, mais les spécialistes de la toxicomanie et les professionnels des casinos du monde réel s’y opposent.
L’administration du Premier ministre Michel Barnier a déposé un amendement à son plan budgétaire 2025 – actuellement en débat au Parlement – pour légaliser les casinos en ligne.
Le gouvernement affirme que la France et Chypre sont les deux seuls États membres de l’UE où les casinos en ligne restent illégaux.
La France autorise les paris en ligne, mais les jeux de casino en ligne ont été interdits, les gouvernements précédents arguant que le risque de dépendance était trop grand.
Le poker, qui se joue dans les casinos et est autorisé en ligne, constitue l’exception car il repose davantage sur les compétences du joueur que sur la pure chance.
Il existe déjà un marché croissant des casinos en ligne illégaux en France, qui, selon le gouvernement, génère jusqu’à 1,5 milliard d’euros chaque année, soit environ 10 % de tous les revenus du secteur.
En légalisant et en réglementant les casinos en ligne, le gouvernement estime pouvoir « limiter l’impact des jeux en ligne sur la santé des consommateurs », affirme-t-il.
Il serait également en mesure de les taxer à hauteur de 55,6 pour cent des recettes brutes.
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Des conséquences « castrophiques »
Le projet a rencontré une forte opposition.
La Fédération Addiction – un réseau d’associations et de professionnels œuvrant dans le domaine des addictions – a demandé le retrait de l’amendement, le qualifiant d' »irresponsable et contraire aux priorités de santé publique ».
« En 2019, 1,4 million de Français étaient déjà à risque de jeu excessif, dont près de 400 000 qui souffrent de troubles pathologiques du jeu », indique le groupe dans un communiqué publié mardi, avertissant que le nombre de joueurs à problèmes est en augmentation en France. .
L’industrie des casinos du monde réel a également exprimé ses inquiétudes. Les professionnels ont déjà protesté contre ce projet, affirmant que l’impact sur leur activité serait « catastrophique », leur coûtant entre 20 et 30 % de leur chiffre d’affaires brut.
Grégory Rabuel, président de l’association française des casinos, a déclaré au quotidien économique Les Échos que cette décision entraînerait « la fermeture de 30 pour cent de nos établissements », avec 15 000 emplois menacés.
Cependant, les partisans de la décision du gouvernement affirment qu’il existe déjà un marché de casino en ligne important et que sa légalisation n’ajouterait pas de manière significative aux pressions concurrentielles sur les casinos physiques par rapport à aujourd’hui.