Perpignan- Résidant à Venice, Los Angeles, depuis 15 ans, la photographe américaine Karen Ballard a documenté la transformation de la ville côtière californienne de lieu de villégiature en centre artistique et, de plus en plus, en lieu de sans-abri. Elle raconte à 42mag.fr les images qui en ont résulté, diffusées récemment en France.
Le photojournaliste et photographe de films primé Ballard a déménagé à Venice, un quartier balnéaire de Los Angeles, en 2009.
Des millions de personnes visitent la station balnéaire chaque année, ce qui en fait la deuxième attraction touristique la plus populaire du sud de la Californie après Disneyland. Pourtant, la célèbre promenade accueille également une population sans abri croissante.
Présentée cette année au festival de photojournalisme Visa pour l’Image à Perpignan, dans le sud de la France, la série de Ballard « Venice, California » capture ce que les conservateurs appellent « un lieu où la beauté, le surf, la richesse et les dures réalités de l’Amérique du 21e siècle cohabitent ». à côté ».
42mag.fr : Quelle était l’idée derrière votre série de photos sur Venise ?
Karen Ballard : Venise est une sorte de microcosme de Los Angeles dans le sens où Los Angeles est toujours aux prises avec une importante population de sans-abri. Et pourtant, c’est aussi le pays d’Hollywood, c’est le pays de Beverly Hills et c’est le pays de Rodeo Drive.
Et donc ce que vous voyez maintenant à Venise est un peu de cet afflux. Il y a maintenant un côté riche à Venise, mais il y a aussi ce côté sans-abri. Et c’est un peu la dichotomie de mon projet.
« Il y a un côté riche à Venise maintenant, mais il y a aussi ce côté sans-abri. Et c’est un peu la dichotomie de mon projet. »
Photographe Karen Ballard
42mag.fr : Quand avez-vous démarré ce projet ?
Ko : J’ai commencé dès mon arrivée là-bas fin 2009.
Je pense qu’il y a une photo de ce premier mois ou deux où j’étais là-bas. Il y a une photo d’un café appelé « Une vue depuis le Sidewalk Café », et il y a un homme qui fait du roller en arrière-plan qui est une icône de Venise, Harry Perry. Il existe depuis toujours. Il était à la télévision… Cette image, je pense, remonte à ce tout premier début.
Je tire toujours. J’habite à Venise, donc j’y travaille toujours, mais c’était toujours un projet à long terme. Il a toujours été prévu qu’il s’agisse d’un projet de livre, et j’y ai simplement travaillé entre mes autres missions. Je travaillais dessus parfois très intensément, puis peut-être que je n’y travaillais pas pendant un moment.

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42mag.fr : Qu’est-ce qu’il y a de si spécial pour vous à Venise ?
Ko : Eh bien, certes, si vous êtes un amoureux de la plage, c’est une plage incroyable car ce n’est pas la plus glamour, mais c’est une plage publique pour tous. Vous avez vraiment tous les horizons. Des gens du monde entier, vous et puis les locaux, le surf, le soleil, la lumière.
Pour moi, cela a toujours été une question de lumière. Je l’aime tellement. On pourrait dire cela pour une grande partie de la Californie, mais il ne s’agit pas seulement de l’heure d’or. Nous avons une couche marine qui entre et Venise obtient son propre bleu spécial, une lumière bleu-gris. Vous pouvez également le voir sur certaines images. C’est un peu l’un ou l’autre. J’aime vraiment ça.
Mais Venise aussi est très insouciante, c’est le pays des Doors. C’est le pays d’où sont issus les Red Hot Chili Peppers… C’est le pays de certains des grands artistes de Los Angeles comme Ed Rusha et John Baldessari et même en remontant au passé, c’est le berceau du cinéma muet. Charlie Chaplin y tournait ses films.
Il y a donc une histoire et un héritage artistiques qui m’ont attiré, c’est sûr.

42mag.fr : Il y a une photo dans votre série avec deux hommes, l’un est en train de méditer et l’autre a un parapluie. Pouvez-vous décrire ce qui se passe ?
Ko : Ils prennent un bain de soleil, mais ils posent aussi. Ils disent simplement : « Regarde-moi, regarde-moi. » Vous savez, ces poseurs. C’est ce que j’aime à ce sujet.
Cette image représente en quelque sorte ce qu’est l’expérience de Venise. Vous allez à Venice Beach pour regarder les gens. C’est un lieu pour voir et être vu, mais aussi pour observer l’expérience humaine.
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