Chaque jour, une figure publique rejoint l’univers d’Élodie Suigo. En ce jeudi 10 octobre 2024, c’est au tour de l’acteur et cinéaste Mathieu Kassovitz. Dès ce jour-là, à la Seine Musicale, il présente une adaptation sous forme de comédie musicale de son film emblématique « La Haine », qui fait son retour 30 ans après son lancement initial.
Les Premiers Pas de Mathieu Kassovitz dans le Cinéma
En 1993, à seulement 26 ans, Mathieu Kassovitz a réalisé son premier long métrage, intitulé Métisse, pour lequel il a également écrit le scénario. Ce film a été l’occasion pour de nombreux spectateurs de découvrir ce jeune réalisateur prometteur. Deux années plus tard, il a conforté sa place dans le monde du cinéma avec La Haine, un film qui a reçu un accueil enthousiaste en France et plus tard à l’échelle internationale, raflant trois César. En plus de la réalisation, Kassovitz est aussi acteur, et a marqué les esprits en 1994 en remportant le César du meilleur espoir masculin grâce à son rôle dans Regarde les hommes tomber de Jacques Audiard. Actuellement, il transpose La Haine sur scène sous la forme d’une comédie musicale, dont la première représentation a lieu le jeudi 10 octobre à la Seine Musicale, avant une tournée à travers la France.
Un Message Toujours d’Actualité
42mag.fr : Trente ans après la sortie de La Haine, le sujet reste pertinent et toujours d’actualité, n’est-ce pas ?
Mathieu Kassovitz : Malheureusement, oui. Depuis trois décennies, le film refait surface dans le débat public, souvent à cause de nouvelles bavures policières. Ainsi, ce sujet ne m’a jamais quitté.
L’Origine du Film
Kassovitz explique que La Haine est né d’un désir de présenter les gens qu’il connaissait d’une manière différente à celle de l’époque. Il souhaitait montrer que ces jeunes de banlieue, souvent stigmatisés, avaient leur propre sensibilité, une âme, et qu’ils n’étaient pas simplement des chiffres dans des statistiques.
Un Sentiment de Colère Persistant
42mag.fr : Lorsque le film est sorti, l’émotion prédominante était la colère. Ce ressenti perdure-t-il encore aujourd’hui ?
« Dans ce monde, il est difficile de ne pas ressentir de la colère. »
Mathieu Kassovitzà 42mag.fr
Chacun aborde cette colère selon sa propre perspective. Pour Kassovitz, elle est présente au quotidien, l’irritant et rendant difficile de vivre sereinement en voyant les problèmes de notre société. Il estime qu’il est impossible d’ignorer ces réalités sans se sentir préoccupé.
Influence de l’Histoire Familiale
42mag.fr : Le passé de votre père, témoin de la Shoah, a-t-il influencé votre envie de raconter des histoires, de pousser les gens à réfléchir et échanger ?
Pour Kassovitz, la douleur est une expérience universelle qui transcende les événements historiques tels que la Shoah. Élevé par des parents ayant traversé des difficultés après leur arrivée en France dans les années 60-70, il a grandi dans un environnement propice à exprimer sa révolte. Sa mère recueillait des sans-abri et son père réalisait des documentaires engagés, ce qui a indubitablement façonné la vision de Kassovitz. C’est un mélange de leur histoire qui l’a construit.
Le Cinéma Comme Héritage Familial
42mag.fr : Vous avez grandi dans le milieu du cinéma, votre mère étant monteuse et votre père réalisateur. Était-ce inévitable de suivre cette voie ?
Kassovitz explique que bien qu’il ait baigné dans cet univers, ses parents n’étaient pas des célébrités. Ils n’avaient pas accès aux événements glamour du monde cinématographique, et il a surtout connu le dur labeur qui accompagne cette profession en accompagnant sa mère dans la salle de montage ou son père sur ses tournages de téléfilms. Pour lui, le cinéma représentait un travail, tout simplement.
Une Intégrité Inébranlable
42mag.fr : Vous avez toujours montré une grande intégrité dans vos choix artistiques. Comment parvenez-vous à rester fidèle à vous-même ?
Kassovitz souligne avoir eu la chance de suivre le parcours qu’il souhaitait, en tant qu’acteur et réalisateur. Il a réussi à produire des films variés, parfois audacieux ou difficiles à vendre, et en est fier. Pour rester intègre, il a refusé de nombreuses opportunités qui ne correspondaient pas à sa vision. Pour lui, mieux vaut encaisser les coups que de transiger sur ses valeurs.
Le Cinéma Comme Expérience Enrichissante
42mag.fr : Le cinéma a-t-il été pour vous un refuge ?
« La plus grande valeur du cinéma réside dans les expériences partagées avec autrui. »
Mathieu Kassovitzà 42mag.fr
Kassovitz ne voit pas le cinéma comme une protection, mais comme un moyen de rencontrer des personnes extraordinaires tout au long de sa carrière. Ce contact avec des professionnels de tous horizons a enrichi son expérience de vie, l’amenant à collaborer aussi bien avec des techniciens de cinéma qu’avec des experts de divers domaines.
La Science Comme Guide
42mag.fr : Ayant quitté l’école très jeune, vous avez, comme beaucoup d’autodidactes, fait de la science une boussole personnelle. Pourquoi ?
Il explique que lorsque l’on n’est pas guidé par la religion, il faut avoir une autre source de conviction. Pour lui, cette source, c’est la science, car elle repose sur des faits vérifiés par ses pairs, et c’est ce qui l’a construit et continue de l’éclairer aujourd’hui.