L’agence de notation Moody’s a abaissé vendredi soir les perspectives de la France, ouvrant la porte à une éventuelle baisse de la note de crédit, en invoquant des inquiétudes concernant les finances du pays.
Ce changement reflète « le risque croissant que le gouvernement français soit peu susceptible de mettre en œuvre des mesures qui empêcheraient des déficits budgétaires plus importants que prévu et une détérioration de l’accessibilité de la dette », a déclaré Moody’s Ratings.
Cela a fait passer la perspective de la France de « stable » à « négative ».
Dans le même communiqué, l’agence a confirmé la notation de crédit de la France à Aa2, affirmant qu’elle était soutenue par son « économie vaste, riche et diversifiée ».
En abaissant ses perspectives, Moody’s a déclaré que la détérioration budgétaire qu’elle a constatée est « au-delà de nos attentes et contraste avec celle des gouvernements de pays de notation similaire qui ont tendance à consolider leurs finances publiques ».
Le nouveau ministre français des Finances, Antoine Armand, a pris note de cette décision vendredi, mais a affirmé que le pays était capable de mener des « réformes de grande envergure ».
La France risque une dégradation de sa note alors que Moody’s prépare son verdict sur une dette de 3 200 milliards d’euros
Il a déclaré que certains ont déjà produit des résultats et a ajouté que le pays dispose d’une force économique, tout en s’engageant à rétablir ses finances publiques.
Armand avait déclaré jeudi à l’AFP que la France devait prendre des mesures « crédibles » pour remédier à son déficit élevé.
Pour l’instant, selon Moody’s, les risques pesant sur le profil de crédit de la France sont accrus par son environnement politique et institutionnel.
Il a noté que la situation « n’est pas propice à une coalition autour de mesures politiques susceptibles d’apporter des améliorations durables au solde budgétaire ».
« En conséquence, la gestion budgétaire est plus faible que ce que nous avions évalué précédemment », ajoute-t-il.
Le nouveau Premier ministre français Michel Barnier espère ramener le déficit du secteur public à moins de cinq pour cent du produit intérieur brut l’année prochaine, contre 6,1 pour cent attendu en 2024.
Le gouvernement espère qu’en 2029, ce déficit tombera en dessous de trois pour cent, le plafond convenu pour les membres de l’UE.
Ce mois-ci, il a dévoilé un budget réduisant le déficit.
Le débat budgétaire annuel en France a souvent déclenché des motions de censure et le projet de Barnier a suscité une vive opposition avant même que tous ses détails ne soient connus.
La dette de la France devrait atteindre près de 115 pour cent du PIB l’année prochaine, contre un objectif de dette de l’UE de 60 pour cent.
En termes absolus, la dette de la France s’élevait à plus de 3 200 milliards d’euros, après avoir augmenté d’environ 1 000 milliards depuis l’arrivée au pouvoir du président Emmanuel Macron en 2017.
Le Premier ministre français s’engage à réduire davantage les impôts et les dépenses pour réduire la dette « colossale »
Plus tôt ce mois-ci, Fitch Ratings a également confirmé la note de la France à AA- mais a révisé sa perspective de « stable » à « négative », soulignant des risques accrus en matière de politique budgétaire.
Jeudi, Armand a déclaré que « le travail que nous ferons au cours des prochains mois sera de surveiller et d’affiner nos dépenses publiques » pour réaliser des économies.
Le ministre du Budget, Laurent Saint-Martin, a ajouté que la force de l’économie française continuait d’être reconnue, tout en soulignant que le pays devrait poursuivre un programme de réformes structurelles.
(AFP)