Lionel Baier, metteur en scène du film « La Cache » où Michel Blanc tient un rôle, avec une sortie programmée pour 2025, partage ses réflexions sur l’une des plus récentes interprétations de cet acteur.
Le réalisateur Lionel Baier travaille actuellement sur le montage de son film La Cache, une adaptation du roman du même nom par Christophe Boltanski. Dans ce long métrage, Michel Blanc interprète le rôle du grand-père d’un jeune garçon de 10 ans, Christophe, qui traverse les événements de mai 68 chez ses grands-parents. Le film, dont la distribution est assurée par Les Films du Losange, a été tourné au printemps dernier. Malheureusement, Michel Blanc nous a quittés dans la nuit de jeudi à vendredi. Sa sortie en salles est prévue pour 2025.
Quelles sont vos impressions après la disparition de Michel Blanc ?
Franceinfo Culture : Vous êtes parmi les derniers cinéastes à avoir travaillé avec Michel Blanc. Quelle est votre réaction à l’annonce de sa mort ?
Lionel Baier : Cela me bouleverse profondément. J’ai appris la triste nouvelle cette nuit. C’est une situation particulière car je le vois tous les jours à travers les images du film que je suis en train de monter, film qu’il a tourné entre mi-mars et fin avril. La Cache est une adaptation d’un livre de Christophe Boltanski. Lorsqu’on monte un film, on le fait aussi avec l’idée en tête de le montrer aux acteurs pour leur faire découvrir ce qu’ils ont contribué à créer. Michel Blanc avait fait un travail exceptionnel sur ce projet, avec une minutie et une générosité sans bornes. C’était un artiste très organisé, semblable dans sa préparation aux méthodes des comédiens américains. Il construisait un véritable parcours pour son personnage, apportant à chaque fois une nouvelle proposition. J’étais impatient de lui montrer la finalité de cet effort qu’il avait fourni.
Avez-vous échangé avec lui récemment ?
Franceinfo Culture : Avez-vous eu des contacts avec Michel Blanc après le tournage ?
Lionel Baier : Nous avions prévu de déjeuner ensemble. Il y a une semaine, je lui ai envoyé un message pour lui dire combien tout le monde, après les premières séances de montage, trouvait sa performance exceptionnelle. Je lui avais également confié mon impatience à l’idée qu’il puisse voir le film terminé. Étant perfectionniste, je ne voulais pas lui montrer le film tant qu’il n’était pas finalisé. C’était important pour moi de lui prouver que j’avais poussé ma propre démarche au maximum en réponse à tout ce qu’il avait apporté au projet.
Quel est le rôle de Michel Blanc dans « La Cache » ?
Franceinfo Culture : Michel Blanc interprète le rôle du grand-père. Bien qu’il soit célèbre pour ses rôles comiques, il a aussi su démontrer son talent dramatique. Dans quel registre se situe-t-il dans ce film ?
Dans La Cache, il dévoile toute l’étendue de son talent. Audiences aux talents comiques remarquables, Michel Blanc était aussi un acteur dramatique de premier ordre. Dans ce film, il nous offre des moments à la fois émouvants et drôles. Avec une scène d’ouverture pleine d’un humour subtil et décalé, il parvient à nous faire rire. Puis, il devient incroyablement poignant à d’autres moments. Sa capacité à alterner avec aisance entre des émotions si variées est une opportunité précieuse pour le film. Travailler avec lui, c’était avoir accès à toute la gamme des émotions humaines à travers un seul acteur. Il semble qu’il personnifie l’essence même du film par ses gestes.
Pourquoi avoir choisi Michel Blanc pour ce rôle ?
Franceinfo Culture : Qu’est-ce qui vous a poussé à décider de Michel Blanc pour incarner ce personnage ?
Michel Blanc est un artiste que j’ai toujours énormément admiré. J’ai également été marqué par son travail de réalisateur, notamment avec Marche à l’ombre, un film fascinant à revoir. Sa capacité à aborder l’angoisse avec subtilité m’a interpellé. C’était une caractéristique qui se traduisait par une profondeur émotionnelle palpable, même dans ses moments de légèreté. Il possédait une expertise technique impressionnante, indispensable pour un tournage principalement en studio, puisque l’action se déroule en 1968. Ces contraintes techniques semblaient plutôt l’amuser, comme cela pourrait être le cas pour certains acteurs américains. Il se plaisait dans cet univers méthodique et organisé. Sa personnalité alliait une sorte de sérieux empreint d’une qualité artistique irréprochable, qui résonnait avec mon propre état d’esprit méthodique et créatif.
L’impact de la disparition de Michel Blanc sur le montage
Franceinfo Culture : Est-ce que la disparition de Michel Blanc influence votre approche du montage que vous terminez ?
Je le découvrirai sans doute en retournant au montage dans une heure. Pour moi, monter un film, c’est avant tout se concentrer sur les acteurs, leur montrer qu’ils ont eu raison de me donner leur confiance en rejoignant ce projet. Chaque matin, je pense à eux. Hier encore, lors d’une projection de montage, je me réjouissais à l’idée de rendre hommage à Michel par ce film. J’éprouve comme une peine de ne pas pouvoir lui offrir un véritable retour de ce précieux cadeau qu’il m’a offert.
Le dernier film de Michel Blanc
Franceinfo Culture : Cette œuvre pourrait être la dernière de Michel Blanc à être diffusée…
L’image finale du film prendra un sens particulièrement poignant, presque telle une référence à Chaplin, bien que cela n’ait pas été intentionnel. En y réfléchissant, il y a chez lui une sorte de mélange entre la tristesse et la joie, un désespoir teinté d’espoir.
Date de sortie de « La Cache »
Franceinfo Culture : Quand est prévue la projection de « La Cache » ?
Sa sortie est prévue pour 2025, probablement au cours du premier trimestre, car nous mettons actuellement la touche finale au montage.