Un mois après sa prise de fonction à Matignon, la déclaration de politique générale du Premier ministre était fort attendue.
Michel Barnier a présenté le mardi 1er octobre les grandes lignes de son plan d’action devant les députés. Lors de son discours de politique générale, le Premier ministre a notamment promis de ramener le déficit public de la France à 5 % du PIB en 2025, en demandant des contributions financières aux « grandes entreprises » et aux « Français les plus fortunés ». Il a également initié une « réflexion » sur la proportionnelle et annoncé un report des élections locales en Nouvelle-Calédonie.
La gauche ne voit pas « de rupture avec le macronisme »
Selon Eric Coquerel, député LFI-NFP de la 1ère circonscription de Seine-Saint-Denis, il n’y a « aucune rupture avec le macronisme sur le plan économique et social » dans le discours de Michel Barnier. Ce discours « annonce la poursuite d’une politique qui s’attaquera principalement aux dépenses publiques », déclare le président de la commission des Finances de l’Assemblée nationale sur 42mag.fr.
Bien que le Premier ministre ait annoncé une « contribution exceptionnelle des Français les plus fortunés », Eric Coquerel « attend de voir la proportion entre la réduction des dépenses publiques, qui devrait s’élever à plusieurs dizaines de milliards d’euros, et l’augmentation temporaire des impôts sur quelques grandes entreprises ». Quant au report des élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, Michel « Barnier a raison de mettre fin aux politiques désastreuses de Macron en Nouvelle-Calédonie-Kanaky », a réagi Jean-Luc Mélenchon. Dans un autre tweet, le leader de La France insoumise a également qualifié le discours de Michel Barnier de « creux, pontifiant, rabâchant des banalités ; ce n’est pas un programme d’action mais un compte à rebours avant liquidation ».
Dans l’hémicycle, Mathilde Panot, cheffe de file des députés insoumis, a exhorté les partis centristes, notamment Horizons et le Modem, à « censurer » ce gouvernement, l’accusant de « ramper devant l’extrême droite ». « Nous ne vous craignons pas, car le chaos c’est vous », a-t-elle ajouté.
Marine Tondelier, secrétaire nationale des écologistes-EELV, a critiqué Michel Barnier pour avoir « un programme bien plus détaillé pour les prisons que pour l’école », ajoutant que c’était « bien triste » sur le réseau social X. Sur le même réseau, la députée écologiste Sandrine Rousseau a estimé que le Premier ministre « a tenté de rassurer avec de l’ennui et de la monotonie, ne réussissant qu’à donner l’image d’une France tournée vers le passé ».
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, a dénoncé un « discours alternant entre impuissance et résignation », sur le réseau X. Il a critiqué ce discours pour « enfoncer, au mieux, mollement des portes ouvertes ». Boris Vallaud, président du groupe Socialistes et apparentés à l’Assemblée nationale, a exprimé son opposition au gouvernement du Premier ministre, affirmant que ce dernier ne respectait pas la volonté du peuple français. Le chef de file des députés PS a également dénoncé une majorité « de connivence » dont l’avenir « dépend » du Rassemblement national.
Le camp présidentiel juge le discours « constructif et rassembleur »
« Le discours de politique générale de Michel Barnier était sérieux, solide, constructif et rassembleur », a déclaré François Bayrou, président du MoDem et maire de Pau, sur le réseau X. « Chacune des propositions annoncées sera examinée lors des débats. Mais en ce jour de rentrée, ce discours correspondait à l’urgence et tendait vers un climat plus positif. Bienvenu ! » a-t-il ajouté.
Gabriel Attal, président du groupe Ensemble pour la République (EPR) à l’Assemblée nationale, a affirmé que les groupes au sein du gouvernement n’ont « jamais renié » leurs « divergences parfois profondes ». « Les Français ne nous demandent pas d’effacer nos différences, mais d’agir », a-t-il ajouté. « Soyons à la hauteur de la France. La France ne se résumera jamais à trois blocs », a-t-il poursuivi.
Gabriel Attal a également réagi à la proposition de Michel Barnier d’imposer les grandes fortunes et entreprises pour une meilleure « justice fiscale », en soulignant qu’il souhaitait « moins de dépense et certainement pas plus d’impôt ».
La droite républicaine assure le gouvernement d’un « soutien » total
« C’est un Premier ministre de droite » qui doit « évidemment composer » avec la « coalition gouvernementale mise en place », selon Ian Boucard, député de La Droite républicaine du Territoire de Belfort, sur 42mag.fr. Il a indiqué que son groupe travaille « d’arrache-pied pour essayer de déplacer le curseur le plus loin possible », vers « le pacte législatif proposé en juillet autour de Laurent Wauquiez et Bruno Retailleau ». « Michel Barnier trace son sillon pour la France et les Français. Donnons-lui le temps de réussir ! », a tweeté Philippe Gosselin, député Les Républicains de la Manche.
Laurent Wauquiez, président du groupe de la Droite républicaine, a affirmé que Bruno Retailleau aura « notre plein soutien » pour « réarmer notre droit ».
L’extrême droite jugera le gouvernement « aux actes »
Laure Lavalette, députée du Rassemblement national, a indiqué sur 42mag.fr qu’il serait nécessaire que « ces hausses d’impôts soient compensées par des mesures pour les classes moyennes et les Français qui travaillent ». Elle a insisté sur l’importance de distinguer entre le discours de politique générale et le budget, soulignant qu’ils seront « très attentifs ».
Marine Le Pen a confirmé que le Rassemblement national ne censurera pas le gouvernement de Michel Barnier, affirmant que « le mouvement national n’entend pas entraîner le pays vers le chaos ». La présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale a déclaré qu’elle jugera le gouvernement de Michel Barnier « aux actes », en soulignant l’importance de résultats concrets.
Marine Le Pen a notamment listé ses « lignes rouges » concernant les questions économiques, budgétaires et l’immigration. « Nous vous demandons de remettre à l’agenda dès le premier trimestre 2025 une loi sur l’immigration restrictive », a-t-elle ajouté. « Ce n’est qu’à vos actes que nous vous jugerons, jamais sur la base de postures puériles », a-t-elle poursuivi, ajoutant que ses députés soutiendront le gouvernement « si vous savez faire preuve de courage ».