Le représentant du Rassemblement National souhaite abolir les publicités qui figurent actuellement sur les bâches protégeant les monuments patrimoniaux en cours de rénovation. À la place, il propose d’utiliser des bâches décoratives qui indiqueraient uniquement le nom du donateur.
« La France dispose largement des ressources nécessaires pour financer la réhabilitation de son patrimoine », affirme Jean-Philippe Tanguy du Rassemblement national, lors de son passage sur France Inter le jeudi 24 octobre. Il a présenté un amendement dans le cadre du Budget 2025 visant à supprimer les bâches publicitaires entourant les monuments historiques en cours de rénovation. Ce texte, soumis à la commission des Finances pour un examen prochain à l’hémicycle, propose de les remplacer par des bâches ornementales ne mentionnant que le nom du mécène impliqué.
Opposition d’Éric Woerth et des spécialistes à cette proposition
« Je ne conçois pas qu’en France, tout puisse être acheté ou loué. Nous devons avoir des valeurs », déclare le député du Rassemblement national. Les publicités actuelles contribuent au financement des rénovations du patrimoine. Alors que le gouvernement cherche des fonds pour l’État, Éric Woerth, ancien ministre du Budget et ex-président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, juge cette proposition insensée : « C’est une idée vraiment inadéquate. Les besoins en matière de patrimoine sont colossaux. Préfère-t-on que les coûts soient supportés par le contribuable ou le propriétaire du monument? »
La Fédération française du bâtiment et le groupement des entreprises de restauration des monuments historiques (GMH) ont exprimé leur désaccord dans un communiqué jeudi dernier, considérant cet amendement comme une menace directe pour de nombreuses petites et moyennes entreprises ainsi que pour des milliers d’emplois très qualifiés à travers la France. Selon eux, les bâches publicitaires actuelles financent entre 20% et 100% des travaux nécessaires.
Réaction mesurée de la mairie de Paris
À Paris, la mesure est également reçue avec réserve. Thomas Chevandier, qui est adjoint à la maire de Paris et en charge des questions de construction publique, du suivi des chantiers et de la coordination des travaux urbains, affirme que des mesures de contrôle sont déjà en place : « Les élus disposent d’un droit de regard sur ces bâches publicitaires. On ne se retrouvera pas avec une publicité pour des SUV sur une bâche destinées à la rénovation d’une fontaine ».
La Fontaine Saint-Michel, située dans le 6e arrondissement de Paris, sera bientôt recouverte par une immense publicité durant sa restauration. Cette opération représente une source de revenus de 5 millions d’euros pour la ville de Paris. Depuis 2015, la municipalité affirme n’avoir approuvé que sept bâches publicitaires pour les monuments municipaux.