Un vaste réseau d’organisations conservatrices soutien Donald Trump, comprenant des lobbys, des centres de formation et des think tanks. Leur objectif est de dominer le débat d’idées à l’approche de l’élection présidentielle aux États-Unis. Ce groupe exerce également une certaine influence sur la droite radicale en France.
L’élection présidentielle américaine approche
Dans environ un mois, le 5 novembre 2024, les électeurs américains seront appelés à choisir leur président. Cependant, ce scrutin dépasse les frontières des États-Unis, notamment avec une campagne active en France. Les partisans de Donald Trump œuvrent pour soutenir l’ancien président dans sa quête pour un retour à la Maison-Blanche.
L’organisme Republican Overseas, qui a une présence internationale et est lié au parti républicain des États-Unis, est en première ligne de ce mouvement en France. Nicolas Conquer, franco-américain âgé de 38 ans, en est l’un des représentants. Ancien cadre chez L’Oréal et officier de réserve, il a adopté le rôle de porte-parole de la campagne pro-Trump depuis 2020, avec un objectif affiché : atteindre un public francophone pour « réinformer » face aux médias, qu’il considère biaisés.
Il n’est pas seul dans cette démarche ; d’autres acteurs partagent cette mission, tels que l’association Republicans in France, qui regroupe des Américains conservateurs résidant en France. Selon Philippe Karsenty, leur représentant, ces groupes, même non officiels, défendent Trump de manière commune. Karsenty s’est illustré récemment lors d’un débat télévisé en niant le rôle humain dans le changement climatique, une position qui a été critiquée par des experts comme la climatologue Valérie Masson-Delmotte.
Une alliance conservatrice internationale
Outre leurs interventions médiatiques, ces partisans impliquent des figures politiques françaises. Nicolas Conquer a ainsi été candidat suppléant d’Éric Zemmour aux législatives de 2022 et a failli gagner en 2024 sous l’alliance LR-RN, amassant 40 % des voix dans une circonscription historiquement socialiste.
Les Republicans Overseas organisent des événements politiques majeurs, réunissant des leaders de la droite européenne. En novembre 2023, un grand rassemblement à la Tour Montparnasse à Paris, nommé Worldwide Freedom Initiative, a accueilli des personnalités comme Nigel Farage et d’éminents leaders français. Des conseillers de Trump comme David Bossie ont également participé, affirmant l’importance de ces plateformes pour renforcer les liens conservateurs transatlantiques.
Le rôle clé de Randy Yaloz
L’un des principaux animateurs de ces réunions est Randy Yaloz, président de Republicans Overseas et avocat franco-américain basé à Paris. Il a facilité une conversation entre Éric Zemmour et Donald Trump, évoquée avec fierté par le leader de Reconquête lors d’un discours public. Yaloz, par ailleurs, organise des conférences sur des thèmes variés, renforçant la coalescence de l’extrême droite française et américaine.
En juin 2024, il a coordonné un événement sur « le vote juif et le Rassemblement national », soulignant la convergence des stratégies électorales entre les deux nations. Un deuxième Worldwide Freedom Initiative est prévu en Hongrie, témoignant des ambitions globales de ces réseaux de droite.
Le Leadership Institute et l’influence américaine
La droite américaine sert de modèle, inspirant la stratégie de certains groupes français. Par exemple, l’Institut de formation politique (IFP), où Nicolas Conquer s’est formé, est un acteur clé, suscitant la participation de figures politiques de l’extrême droite française. Cet institut, influencé par le Leadership Institute de Washington, vise à enseigner le combat culturel, inspirant de nombreux jeunes militants.
La méthodologie de l’IFP est directement dérivée des tactiques américaines, comme l’indique Alexandre Pesey, cofondateur de l’Institut, qui s’est formé aux États-Unis. En créant un réseau inspiré de l’Atlas Network, un groupe d’influence américain, l’IFP poursuit son expansion, recevant des soutiens financiers significatifs pour mener ses actions en faveur de mouvements conservateurs en France.
Le Claremont Institute et le conservatisme national
Les liens transatlantiques se renforcent également à travers des institutions comme le Claremont Institute en Californie, qui forment des leaders comme Sarah Knafo, associée d’Éric Zemmour. Ce « think tank » a joué un rôle crucial dans la promotion des idées de Trump, et en 2024, Knafo a participé à ses programmes prestigieux, côtoyant des personnalités influentes.
Les conférences du Claremont Institute, promouvant des idées conservatrices radicales, attirent des politiques français, illustrant l’influence croissante des intellectuels américains sur les débats politiques en France. Cette coopération souligne une continuité stratégique et idéologique marquée entre la droite française et ses homologues américains.
Reconquête et le soutien à Donald Trump
Le parti Reconquête d’Éric Zemmour est sans doute le plus ouvertement engagé pour la réussite de Donald Trump. Son lien avec le milieu conservateur américain s’illustre par des visites et des collaborations, comme la participation de Sarah Knafo à des événements en Floride aux côtés de l’ancien président. Ces interactions renforcent l’alliance transatlantique de la droite et illustrent l’impact durable du trumpisme en Europe.