Les représentants des 27 pays qui composent l’Union européenne prévoient de se prononcer vendredi sur l’approbation de l’augmentation des tarifs douaniers pour les véhicules électriques en provenance de Chine. Cette mesure est soutenue par la Commission européenne et bénéficie également du soutien de la France.
Les voitures électriques fabriquées en Chine et commercialisées en Europe font face à des accusations de concurrence déloyale par Bruxelles. Malgré les avertissements de Pékin, l’Union européenne est sur le point d’annoncer, vendredi 4 octobre 2024, une hausse des droits de douane pour ces véhicules, passant de 10% à 38% pendant cinq ans. Des pays tels que la France, l’Italie, la Pologne et la Grèce devraient également soutenir cette initiative.
Le vote prévu pour le vendredi 4 octobre devrait donc être adopté, se félicitent plusieurs diplomates des nations qui appuient l’idée de la Commission européenne. Cette décision est appuyée par les nations qui estiment que le secteur automobile européen, employant plus de 14 millions de personnes, nécessite une protection renforcée. Cependant, certains pays, comme l’Allemagne et l’Espagne, craignent des représailles de la part de la Chine, redoutant des complications pour leurs propres exportations.
Faute de formation d’une majorité contre ces nouveaux droits de douane, l’Allemagne pourrait finalement choisir de s’abstenir, espérant favoriser à l’avenir une entente négociée entre Bruxelles et Pékin. Par exemple, la mise en place d’un prix plancher en Europe pourrait neutraliser une grande partie des subventions reçues par les constructeurs en Chine, permettant ainsi des prix de vente très compétitifs.
L’adoption probable de ces nouveaux tarifs douaniers vendredi ne marquera donc pas le début d’une nouvelle guerre commerciale, mais plutôt le commencement d’un cycle de négociations qui devrait s’étendre dans les mois suivants.
Des enjeux économiques mais aussi industriels et sociaux
Les aspects cruciaux de ce vote et des discussions futures sont avant tout économiques. La Chine est le troisième marché d’exportation de l’Union européenne, après les États-Unis et le Royaume-Uni. Pour les Européens, il est donc essentiel de conserver cet accès. Pour l’industrie automobile allemande, très influente, la Chine représente même le marché le plus important au monde. Environ un tiers des ventes des constructeurs allemands s’y réalisent, et depuis longtemps, les exportations vers la Chine ont été un levier majeur pour la première économie d’Europe.
Néanmoins, des enjeux industriels, et donc sociaux, sont en jeu. Comme observé en septembre à Bruxelles, une importante manifestation organisée par les travailleurs du secteur automobile et une grève dans une grande usine de voitures électriques, Audi, qui emploie 3 000 personnes et en fait travailler 1 200 autres en sous-traitance, ont illustré ces préoccupations. Les voitures électriques européennes restent coûteuses et sont difficiles à vendre. Par conséquent, l’arrivée de véhicules chinois, ou d’autres marques produites en Chine, telles que les Tesla d’Elon Musk à des prix compétitifs, affecte l’industrie et l’emploi en Europe.
L’industrie européenne doit surtout être soutenue par des investissements significatifs
Bien qu’on pourrait dire que la Chine a déjà pris une longueur d’avance, personne ne veut adopter un ton pessimiste à Bruxelles. Parallèlement au vote, les discussions avec Pékin se poursuivent. Le ministre chinois du Commerce a rencontré mi-septembre son homologue de la Commission européenne au Commerce. D’autres rencontres sont prévues dans les semaines à venir, et le changement anticipé du commissaire en fin d’année ne devrait pas modifier cette dynamique.
En plus de l’idée d’un prix plancher comme alternative à une augmentation des droits de douane, l’exécutif européen à venir devra prendre des décisions cruciales concernant une série d’investissements visant à accroître la compétitivité de l’industrie européenne. Cela fait suite au rapport de l’ancien président de la Banque centrale européenne, Mario Draghi, présenté en septembre 2024. Cependant, la manière de financer ces besoins n’est pas encore claire, si ce n’est par un emprunt commun à l’échelle européenne, ce qui ne fait pas l’unanimité parmi les États membres.