Marine Le Pen risque actuellement de perdre son droit d’éligibilité. Le Rassemblement National planifie de se défendre vigoureusement lors des audiences à venir, et se prépare déjà à contester toute décision défavorable en faisant appel. Parallèlement, ils développent une rhétorique suggérant qu’il s’agit d’une « poursuite politique ».
Dans l’affaire impliquant les assistants parlementaires des députés européens, des réquisitions particulièrement sévères ont été formulées à l’encontre de Marine Le Pen. Le mercredi 13 novembre, le parquet a demandé une peine de cinq ans de prison, avec trois ans en sursis, pour la dirigeante actuelle des députés du Rassemblement National (RN), laquelle est jugée avec 24 autres personnes au tribunal de Paris. Encore plus marquant, le procureur a sollicité une interdiction d’exercer tout mandat électoral pendant cinq ans, avec exécution immédiate, signifiant que Marine Le Pen ne pourrait pas se présenter aux élections de 2027 si ces requêtes étaient suivies par le tribunal, même en cas d’appel. Le parti d’extrême droite a réagi vivement, qualifiant le procès de « politique » par la voix de plusieurs de ses membres.
Le RN fustige « persécution et revanche »
Après près de 10 heures d’audience, la tension est à son comble lors de l’annonce des peines proposées. Marine Le Pen reste impassible. Après quelques discussions échangées avec ses avocats, elle reprend la parole face aux médias quelques minutes plus tard. « Cela ne me surprend pas. Dès les premiers jours d’audience, à laquelle j’ai assisté quasiment chaque jour, je m’étais déjà forgé une opinion. J’observe que le procureur fait preuve d’une grande sévérité dans ses réclamations. Notamment concernant l’exécution immédiate qu’il veut imposer à tous les accusés, y compris certains assistants n’ayant jamais exercé de fonctions politiques notables ».
Sur la plateforme sociale X, Jordan Bardella dénonce ce qu’il qualifie de réquisitions scandaleuses et d’atteinte à la démocratie. « Le parquet ne recherche pas la justice, il exprime de l’acharnement et une volonté de revanche envers Marine Le Pen », écrit le président du RN. Il est conscient qu’en cas de suivi des réquisitions par le tribunal, il pourrait devenir le candidat du parti pour la prochaine présidentielle.
Une défense active devant le tribunal et dans les médias
Le Rassemblement National prévoit de défendre son cas avec ferveur lors des audiences qui se prolongeront durant deux semaines, tandis que les avocats de la défense plaideront leur cause. Il faudra cependant plusieurs mois avant que le verdict ne soit rendu. Si les réquisitions sont retenues par le tribunal, Marine Le Pen a déjà annoncé son intention de faire appel. « Je suis abasourdi, absolument outré et indigné », a déclaré Bruno Gollnisch, ancien député européen et ex-haut membre du FN, jeudi matin sur 42mag.fr.
Une bataille sur le terrain de l’opinion publique s’annonce également. Le terme« procès politique » est de plus en plus employé par les représentants du RN. Un conseiller proche de Marine Le Pen prévient : « On ne se laissera pas faire ». Il prophétise même : « En cas de condamnation, notre rôle d’opposition sera légitimé par les juges, et nous gagnerons dix points aux prochaines législatives ». L’éventualité que Marine Le Pen ne puisse pas concourir en 2027 préoccupe évidemment ses partisans. « Dans notre démocratie, ce n’est pas aux juges de déterminer le résultat d’une élection, c’est le peuple qui décide », s’indigne un député avant de relativiser : « Éliminer Marine Le Pen ne suffira pas à nous faire disparaître. Jordan Bardella devrait aussi être mis hors course s’ils veulent nous anéantir. »
L’ex-ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a quant à lui pris une position inattendue en faveur du RN. À travers X, il a déclaré mercredi soir qu’« il serait profondément injuste que Marine Le Pen soit déclarée inéligible et ainsi privée de se présenter devant les électeurs français. » « La lutte contre Madame Le Pen doit se mener dans les urnes, et non ailleurs », a affirmé Gérald Darmanin.