Les nouveautés cinématographiques de la semaine sont présentées par Thierry Fiorile et Matteu Maestracci, mettant en avant les films « En fanfare » réalisé par Emmanuel Courcol et « Rabia » dirigé par Mareike Engelhardt.
En fanfare raconte l’histoire captivante de deux frères que la vie semble avoir séparés par bien des aspects, mais qui vont finir par se rapprocher. Thibaut, interprété par Benjamin Lavernhe, est un chef d’orchestre de renom. De son côté, Jimmy, joué par Pierre Lottin, travaille dans une cantine scolaire du Nord et joue du trombone dans la fanfare de son quartier.
Lorsqu’un diagnostic dramatique de leucémie tombe sur Thibaut et qu’il découvre qu’il a été adopté, il part en quête de son frère pour lui demander une greffe de moelle osseuse. Le fossé entre eux paraît immense : ils vivent de part et d’autre de la barrière sociale et se questionnent sur leurs vécus et les circonstances qui les ont faits grandir dans des mondes si différents. Toutefois, la musique apparaît comme le pont qui pourra les unir. Les deux acteurs principaux livrent des performances remarquables, et le film s’apparente à un conte, bien qu’il propose bien d’autres choses.
Le succès d’En fanfare réside dans son caractère unique au sein du cinéma de l’Hexagone, méritant amplement d’être souligné. Les séquences musicales, alliant classique, fanfare et jazz, sont brillamment exécutées. Benjamin Lavernhe et surtout Pierre Lottin, en tant que musiciens amateurs, apportent une authenticité impressionnante, instruments en main.
Mareike Engelhardt offre Rabia
Dans le contexte des années 2010, le film narre l’histoire de Laïla et Jessica, interprétée par la talentueuse Megan Northam. Ces jeunes filles partent pour Raqqa en Syrie, afin de rejoindre les rangs de l’État islamique et de se marier avec un combattant. Elles se retrouvent enfermées en permanence dans une madafa, une maison réservée aux femmes, où elles passent leurs journées entre tâches domestiques, prières, punition, et attente d’être choisies par un homme pour fonder une famille.
Jessica, dans un premier temps mal à l’aise, finit par devenir rebelle et se voit rebaptisée « Rabia« . Elle gagne peu à peu la préférence de la redoutable responsable de la maison, surnommée « Madame », incarnée par Lubna Azabal, au point de se laisser entraîner dans la violence latente du groupe.
Rabia n’atteint peut-être pas la perfection, avec des moments qui peuvent paraître un peu trop académiques ou artificiels. Cependant, le film parvient à convaincre grâce à une mise en scène intelligente qui évite avec finesse l’esthétisation maladroite. Les actrices sont remarquables et le film bénéficie d’une solide documentation, grâce au travail des scénaristes en collaboration avec Céline Martelet et Edith Bouvier, deux expertes du djihadisme féminin.