Les formats longs peinent à captiver un public désormais habitué à des contenus brefs, typiques de plateformes comme TikTok. Pour inciter les spectateurs à revenir dans les salles obscures, la Corée du Sud s’est lancée dans la réalisation de films très courts et économiques.
En Corée du Sud, pour inciter les jeunes à revenir dans les salles de cinéma, les producteurs explorent un nouveau format de films : très court, captivant et économique. Ce concept de « films snacks » devient une tendance dans l’industrie cinématographique. L’idée est de proposer un film que l’on peut terminer en même temps que son pot de pop-corn et sa boisson.
Ainsi, Lotte Entertainment, un des principaux distributeurs du pays, a lancé, le premier week-end de novembre, dans de nombreuses grandes salles, une œuvre d’une durée de seulement 44 minutes. Intitulé 4h44, Time of Fear, ou l’heure de la peur, ce film d’horreur est signé par le réalisateur Park Jong-gyun. Il est constitué de plusieurs courts segments mettant en scène de nombreuses célébrités coréennes, notamment des icônes de groupes de K-pop. Ce film est conçu pour être extrêmement dynamique et divertissant, visant particulièrement les jeunes adultes. D’ailleurs, pour ce format court, Lotte a réduit le prix du billet à un tiers du tarif habituel, soit 4 000 wons, environ 2,70 euros.
Un court-métrage d’horreur à 70 centimes
La raison pour laquelle les producteurs coréens optent pour des films plus courts est liée à l’évolution des habitudes de consommation des jeunes en matière de cinéma. Les formats longs peinent à captiver un public habitué à des contenus très brefs et interactifs. Par exemple, une vidéo sur TikTok dure en moyenne 42 secondes. Les producteurs trouvent donc de plus en plus difficile de maintenir l’attention des spectateurs sur des films de deux heures. Les distributeurs sud-coréens estiment que la baisse récente de fréquentation des salles est largement due à cet écart entre une offre de longues sagas et une demande pour des produits rapides et abordables. En été, ils avaient déjà proposé un autre film d’horreur de seulement 13 minutes, intitulé Night Fishing. Le billet était vendu pour 70 centimes d’euro et le film a connu un certain succès.
Les producteurs n’envisagent pas encore de demander aux réalisateurs de créer des films d’à peine 30 minutes. Cependant, ils les encouragent à élaguer les récits parallèles non centraux à la trame principale. Il existe donc une véritable tendance vers la concision. En Corée, la barrière symbolique des 100 minutes est désormais bien ancrée. Un film qui dépasse une heure quarante est considéré comme trop long. Par exemple, les blockbusters de l’été dans le pays, comme Escape ou Project Silence, avaient tous une durée inférieure à 100 minutes, alors que l’été précédent, la durée moyenne des grands succès excédait encore les deux heures.