Sept hommes et une femme seront jugés lundi devant la cour d’assises spéciale de Paris, accusés d’avoir orchestré une campagne de haine et d’intimidation qui a conduit au meurtre en 2020 du professeur de français Samuel Paty.
Paty, 47 ans, a été décapité le 16 octobre 2020 devant le lycée de Conflans, au nord-ouest de Paris, où il enseignait l’histoire et la géographie.
Son assassin, Abdoullah Anzorov, a affirmé avoir assassiné Paty pour le « punir » pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet lors d’une leçon sur la liberté d’expression.
Anzorov, 18 ans, a ensuite été abattu par la police lors d’une tentative d’arrestation.
Avant l’attaque, Paty faisait face à une vague de harcèlement en ligne après un cours de codes sociaux au Collège du Bois-d’Aulne.
Un élève de 13 ans – qui n’a pas assisté au cours – a affirmé que le cours était discriminatoire à l’égard des musulmans.
Ses accusations sont devenues virales et la jeune fille, ainsi que cinq anciens camarades de classe, ont été condamnées par un tribunal pour mineurs en décembre 2023 à des peines avec sursis allant de 14 mois à deux ans.
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« Campagne ciblée »
L’audience de lundi impliquera des adultes âgés de 22 à 65 ans.
Parmi les accusés figurent Brahim Chnina, 52 ans, père de la jeune fille dont les allégations ont déclenché la polémique, et Abdelhakim Sefrioui, 65 ans.
Les procureurs affirment que les 7 et 8 octobre, Chnina a publié des vidéos stigmatisant Paty et le désignant comme cible, accompagnées d’informations précises sur son identité et son lieu de travail.
Ils affirment que Chnina a eu neuf contacts téléphoniques avec Anzorov. Lui et Sefrioui risquent 30 ans de prison s’ils sont reconnus coupables.
Accusations de complicité
Azim Epsirkhanov, 23 ans, est accusé de complicité dans le meurtre de Paty pour avoir prétendument aidé Anzorov à acheter des armes.
Les procureurs affirment que lui et Naïm Boudaoud, 22 ans, ont emmené Anzorov dans une coutellerie de Rouen pour acheter un couteau correspondant à celui trouvé près de son corps.
Boudaoud est également accusé d’avoir conduit Anzorov à Cergy, près de Paris, pour acheter des pistolets Airsoft et des billes d’acier le jour du meurtre.
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Yusuf Cinar, 22 ans, est accusé de diffusion de propagande djihadiste, notamment en publiant la revendication de responsabilité d’Anzorov et des images du corps de Paty. Il est également accusé d’avoir partagé des vidéos honorant Anzorov après sa mort.
Un autre accusé, Ismaïl Gamaev, 22 ans, aurait échangé des messages djihadistes avec Anzorov, l’encourageant dans son projet d’attaquer Paty. Louqmane Ingar, 22 ans, est accusé d’être membre du même groupe en ligne.
La seule femme jugée, Priscilla Mangel, 36 ans, est accusée d’avoir persuadé Anzorov que l’attaque de Paty était justifiée. Les procureurs affirment que ses interactions en ligne avec Anzorov l’ont enhardi dans les jours précédant le meurtre.
Le 14 octobre, près de quatre ans après la mort de Paty et un an après l’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard par un autre extrémiste, les écoles de toute la France ont observé une minute de silence pour les élèves âgés de 11 à 18 ans.