L’ex-président de la République doit jongler entre son désir de progression politique et ses fonctions de parlementaire. Il s’agit d’un exercice délicat qui consiste à démontrer son engagement au sein de l’Assemblée nationale tout en évitant de s’exposer à des situations périlleuses.
Un retour spectaculaire marque l’arène politique où François Hollande, ex-président de la République, refait surface parmi des députés souvent bien plus jeunes et dans un hémicycle en pleine effervescence après l’avancée du Rassemblement national. Unique ancien chef de l’État à siéger à l’Assemblée nationale, Hollande plaisante souvent en disant : « Je ne connais personne, mais tout le monde me connaît ». Jusqu’à présent discret, le socialiste originaire de Corrèze semble déterminé ces derniers jours à asseoir sa présence parmi les parlementaires.
Sa première intervention en séance
Au cours de la semaine, François Hollande a pris la parole devant l’Assemblée nationale, s’exprimant pour la première fois en séance, après avoir été actif en commission. Un ancien président qui revient défendre une réforme adoptée sous sa présidence – la réforme Touraine – tout en siégeant avec les députés, est un événement rare. Plutôt que de multiplier ses apparitions sur les plateaux télévisés, comme il l’a fait ces dernières semaines, il préfère s’affirmer aux côtés de ses pairs à l’Assemblée. Son objectif est de maintenir une fois d’intervenir assez rare pour avoir de l’impact, tout en préservant sa stature, selon ceux qui l’entourent.
Cependant, une enquête du Figaro a peut-être incité François Hollande à se montrer plus présent. Le quotidien a révélé le 27 octobre que le député n’avait voté qu’une fois depuis le début de la nouvelle législature, en comparaison à Mathilde Panot, chef de file de l’opposition, qui a enregistré 107 votes. Depuis, Hollande semble rattraper ce retard avec une activité accrue en ligne documentée sur le site de l’Assemblée nationale où apparaissent plus de dix votes à son crédit.
« Il a restauré sa crédibilité politique »
Selon l’une de ses confidentes, le retour politique de François Hollande comportait des risques non négligeables. Il a su « restaurer sa crédibilité politique », dit-elle, et désire éviter de la perdre précocement. Dans les coulisses, Hollande s’efforce de tisser des liens solides avec ses collègues parlementaires. On apprend qu’il participe régulièrement aux réunions de son groupe chaque mardi matin, en prenant la parole lorsque c’est nécessaire. Un député décrit même Hollande comme « brillant, intelligent, axé sur le travail d’équipe », préférant toutefois garder l’anonymat.
Au sein du groupe, personne n’est dupe face aux ambitions de l’ancien président. S’il est communément apprécié, rares sont ceux qui souhaitent s’impliquer dans une éventuelle campagne présidentielle pour 2027. François Hollande en est conscient : il envisage sérieusement une candidature pour ce scrutin. Son objectif inclut également de prendre la tête du Parti socialiste, supplantant Olivier Faure, partisan d’une primaire élargie à gauche. Ainsi, l’ancien chef de l’État oscille entre visibilité stratégique à l’Assemblée et prudente mesure, dans l’espoir de redevenir une figure incontournable de la gauche.