Chaque jour, Élodie Suigo accueille une nouvelle personnalité dans son univers. Le mardi 12 novembre 2024, c’est Françoise Fabian, comédienne et chanteuse, qui sera mise à l’honneur. Elle vient de lancer son deuxième album intitulé « L’heure d’un rendez-vous ».
L’émergence artistique de Françoise Fabian entre Alger et Paris
C’est au cœur de la diversité artistique que Françoise Fabian a forgé sa vocation, naviguant entre Alger et Paris. Sa carrière a véritablement décollé lorsque le célèbre réalisateur Éric Rohmer lui a confié le rôle inoubliable de Maud dans son film de 1969, Ma nuit chez Maud. Tout au long de son parcours, elle a su convaincre des figures marquantes du théâtre, de la télévision et du cinéma, telles que Louis Malle, Luis Buñuel, Gilles Grangier, Michel Deville, Jacques Demy, François Ozon, et Jean Marais. Outre ses talents de comédienne, Françoise Fabian est également reconnue pour sa voix enveloppante, un atout qui n’a pas échappé à des artistes comme Alex Beaupain, Charles Aznavour, Julien Clerc ou Léonard Lasry. Aujourd’hui, elle présente son nouvel opus, L’heure d’un rendez-vous, un album composé de neuf créations originales coécrites avec Lisa Point et une reprise émouvante.
42mag.fr : Vos débuts artistiques remontent au Conservatoire d’Alger, est-ce correct ?
Françoise Fabian : Effectivement, mes premiers pas dans le monde artistique ont eu lieu au Conservatoire de musique d’Alger, où j’ai étudié le piano et l’harmonie. C’est là que j’ai découvert le théâtre. Mon premier amour était un jeune acteur, et comme le Conservatoire de musique partageait le bâtiment avec celui d’art dramatique, il m’a encouragée à assister à un cours de théâtre. Il m’a dit : « Viens, cela te plaira sûrement« . J’y ai accepté et la professeure, Paule Granier, m’a demandé : « Vous connaissez des poèmes ? » J’ai répondu affirmativement et j’ai récité un texte de Baudelaire. Impressionnée, elle a appelé mon père pour lui proposer de m’enseigner gratuitement la comédie et la tragédie, ce qu’il a accepté. J’ai donc suivi ses cours pendant deux ans, après quoi elle a demandé à mon père de m’envoyer à Paris pour tenter le Conservatoire. Mon père, confiant, m’a accordé cette opportunité. C’est de cette manière que Paris est devenu mon nouveau foyer.
Vous avez fait une pause avant de retrouver la musique, qu’en est-il ?
À mon arrivée à Paris, j’ai poursuivi ma formation musicale. Je n’ai jamais vraiment mis la musique de côté, mais un accident a changé la donne. J’ai subi une fracture à la main, ce qui m’a privé du plaisir de jouer du piano, une véritable perte pour moi.
La chanson Que savons-nous de nous reflète votre perception du monde. Parlez-en.
Cette chanson, Que savons-nous de nous ?, exprime une interrogation constante. J’ai parfois l’impression de vivre ma vie comme un rôle théâtral, jouant une sorte de comédie personnelle, influencée par chaque matin, chaque rêve, chaque rendez-vous qui façonne mon quotidien.
« Chaque jour est une aventure. »
Françoise Fabiansur 42mag.fr
Parlez-nous de votre arrivée à Paris dans les années 50.
À mes débuts parisiens, je vivais modestement dans de petits hôtels sans chauffage. Je me souviens d’un hôtel rue Saint-André-des-Arts, où seule une cheminée me réchauffait. Je récupérais du bois sur le marché Bussy pour allumer un feu. Mes amis du Conservatoire, comme Jean-Paul Belmondo, Jean-Pierre Marielle, Jean Rochefort, veillaient sur moi. Bien que mariés, ils furent toujours respectueux et aucune ambiguïté ne s’est installée entre nous.
Vous avez toujours su garder une grande détermination…
Effectivement, j’ai toujours tenu à avoir une vision claire de ma vie. Je n’ai jamais été manipulée, car je savais précisément ce que je voulais et comment vivre en respectant mes valeurs familiales. J’ai probablement toujours été plus résiliente que je ne le pensais.
Quel bilan faites-vous de votre parcours ?
J’envisage mon parcours comme un superbe cadeau. J’ai vécu tant de moments incroyables et rencontré des personnes exceptionnelles. Mes parents m’ont tant donné, facilitant un chemin de vie extraordinaire. À présent, je perds malheureusement des amis chers, et je m’interroge sur l’avenir.
« Je ne crois pas à l’avenir qu’on me propose. Je n’ai pas envie. »
Françoise Fabiansur 42mag.fr
Pourtant, votre nouvel album, L’heure d’un rendez-vous, ouvre de nouvelles perspectives…
Vraiment ? Je perçois cet album comme une réalisation fidèle à ce que je suis. Cependant, j’interroge encore si cela me représente si parfaitement.