Une lettre signée par Jeanne d’Arc en 1429 a quitté pour la première fois la France pour être exposée dans le cadre d’une exposition à la British Library de Londres.
La lettre, qui est l’un des deux seuls documents authentifiés portant la signature de Jeanne d’Arc, a été empruntée aux archives municipales de Riom, dans le centre de la France.
« Seules trois lettres signées de Jeanne d’Arc ont été recensées, dont une a disparu depuis », a indiqué à 42mag.fr Cédric Broët, chef du service des archives de la ville. La deuxième lettre est conservée aux archives municipales de Lyon.
Le document, daté du 9 novembre 1429, fut dicté par Jeanne d’Arc, qui ne savait ni lire ni écrire. Elle appelle les Riomois à soutenir la France pendant la guerre de Cent Ans.
La lettre est adressée aux « ecclésiastiques, bourgeois et habitants de la ville de Riom » et demande des armes, du matériel et des vêtements pour soutenir les efforts militaires pendant le siège de La Charité-sur-Loire.

« Cela ajoute un peu de piquant de penser que la lettre quitte Riom pour la première fois pour se rendre dans le pays où les dirigeants ont fait brûler vive Jeanne d’Arc », a déclaré Broët, évoquant le voyage de la lettre en Angleterre. « Cela se moque gentiment de l’histoire. »
La lettre fut découverte par hasard en 1844 parmi quelques vieux papiers par Tailhand, président de la Cour Royale de Riom. Il portait à l’origine un sceau de cire rouge, aujourd’hui perdu. Broët explique : « La légende dit qu’attachée à ce sceau, il y avait une mèche de cheveux de Jeanne d’Arc, et c’est probablement pour cela qu’elle a été volée. »
La lettre a été authentifiée par l’historien et paléographe Jules Quicherat et a fait face à des problèmes de préservation au fil du temps. « Au début du XXe siècle, le document était exposé à la mairie de Riom, ce qui a causé des dégâts notables », précise Broët.
Elle constitue désormais une pièce maîtresse de l’exposition « Femmes médiévales : dans leurs propres mots » de la British Library, qui se déroule jusqu’en mars 2025. La lettre a voyagé jusqu’à Londres sous haute sécurité, escortée par un fonctionnaire des archives de Riom et son itinéraire exact étant tenu secret.
« La British Library nous a approchés pour demander le prêt de ce document. La bibliothèque détient également des manuscrits liés à Jeanne d’Arc, dont une copie de son procès (documents) », a indiqué Broët.

« Un document comme celui-ci n’a pas de prix, et le posséder dans nos collections est extrêmement rare et prestigieux », a-t-il poursuivi. « Nous, en tant que petit service d’archives municipales, avons été placés au même niveau que d’autres institutions beaucoup plus connues dans le monde, qui ont également prêté des documents et des pièces pour l’exposition, comme le Louvre. »
La lettre retournera directement dans un lieu de stockage sécurisé à Riom après l’exposition, même si un fac-similé reste disponible pour consultation publique sur demande.