Une année de guerre à Gaza a porté atteinte au droit international et menace de rendre la bande de Gaza inhabitable, selon la rapporteuse spéciale des Nations Unies sur les territoires palestiniens occupés, Francesca Albanese. Elle explique à 42mag.fr pourquoi elle plaide pour que l’offensive israélienne soit qualifiée de génocide.
Plus de 1,8 million de Palestiniens à Gaza connaissent des niveaux de faim extrêmement critiques, selon l’ONU. Soixante-dix pour cent des champs de culture et des moyens de subsistance ont été détruits lors de l’offensive militaire israélienne.
La guerre, qui a coûté la vie à 42 000 personnes à Gaza et fait des centaines de milliers de blessés, s’est également étendue à la Cisjordanie et au Liban. Les civils ainsi que les soldats de maintien de la paix de l’ONU ont été pris pour cible par les forces israéliennes.
« J’ai utilisé le mot ‘catastrophe’ pour la première fois en octobre 2023 », a déclaré Albanese à 42mag.fr, « quand Israël avait tué 8 000, 6 000 personnes dans les premières semaines du conflit et détruit des quartiers entiers, des boulangeries, des églises et pris pour cible l’ONU ». bâtiments et universités.
« Ce n’est pas ainsi que se déroulent les guerres. »
Albanese s’exprimait alors qu’elle se préparait à lancer son dernier rapport sur la situation à Gaza et dans les autres territoires palestiniens, qu’elle a présenté à l’Assemblée générale des Nations Unies plus tôt cette semaine.
Dans ce document, elle adopte une vision à long terme du conflit actuel, affirmant que les actions militaires d’Israël font partie d’une tentative systématique de déplacer les Palestiniens qui remonte à plusieurs décennies – et qu’elle qualifie de génocide.
« Israël occupe illégalement ce territoire, selon la Cour internationale de Justice », a déclaré Albanese.
« Alors Israël occupe illégalement un territoire, opprimant sa population, qui bien sûr riposte. Ensuite, ils mènent une guerre contre eux. Cela ne fonctionne pas de cette façon. »
Attaque du Hamas, un an après – vue de Gaza
« Vider la terre »
Albanese reconnaît la violence meurtrière infligée aux Israéliens par les attaques du 7 octobre de l’année dernière, et elle a plaidé en faveur d’enquêtes et de poursuites sur les crimes commis contre des civils par le Hamas et d’autres groupes armés palestiniens.
Mais elle prévient que le traumatisme du 7 octobre a approfondi l’animosité israélienne envers les Palestiniens et suscité des appels à la vengeance, offrant ainsi au gouvernement l’occasion d’intensifier ses actions dans les territoires occupés dans le but de les rendre invivables.
« Au moment où nous parlons, Israël mène des raids d’extermination quartier par quartier dans les zones qui ont déjà été évacuées de force et nettoyées ethniquement de près d’un million de personnes dans le nord de Gaza », a déclaré Albanese à 42mag.fr.
« Il ne reste que 400 000 personnes qui ont été affamées, maltraitées et bombardées. Ce que les habitants de Gaza ont vécu est vraiment indescriptible, et maintenant la terre est complètement vidée. »

Attaque du Hamas, un an après – point de vue d’Israël
Israël et l’ONU en désaccord
La guerre a mis au plus bas les relations déjà tendues entre Israël et les Nations Unies, le parlement israélien ayant approuvé cette semaine un projet de loi controversé interdisant à l’agence des Nations Unies pour les réfugiés palestiniens, l’UNRWA – considérée comme une bouée de sauvetage pour Gaza – d’opérer sur le territoire israélien.
Israël affirme qu’une grande partie du personnel de l’agence appartient au Hamas ou à d’autres groupes terroristes, et accuse certains d’entre eux d’être impliqués dans les attentats du 7 octobre.
L’ONU affirme avoir enquêté sur ces allégations et identifié des problèmes de neutralité, mais aucune preuve de liens terroristes. Il prévient que les restrictions imposées à l’UNRWA auront un effet dévastateur sur les chaînes d’approvisionnement de l’aide à Gaza.
Plus largement, les dirigeants de l’ONU ont appelé à un cessez-le-feu et dénoncé la famine, les déplacements massifs, les atrocités, les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Albanese s’est révélé un personnage particulièrement controversé, appelant l’ONU à envisager de suspendre Israël en tant qu’État membre en raison de ses actions.
Sa position a suscité des accusations de partialité et d’antisémitisme de la part des alliés d’Israël, notamment des États-Unis, qui ont annulé un briefing qu’elle devait donner au Congrès américain cette semaine.
Washington et d’autres soutiennent qu’Israël a le droit de se défendre – même si Albanese se demande si ses opérations militaires le rendent réellement plus sûr.
« Est-ce une protection ? elle a demandé. « Comment ce que fait Israël va-t-il protéger ses citoyens ? Telle est la question. Et l’aveuglement au niveau politique est ahurissant. »