La vie de Madeleine Riffaud a été tissée de lutte, d’écriture et de trois guerres – un siècle de résilience et de résistance. Le célèbre journaliste français, qui a combattu les nazis lorsqu’il était adolescent résistant et a ensuite couvert les conflits de l’Algérie au Vietnam, est décédé cette semaine à Paris à l’âge de 100 ans.
« Une héroïne s’en est allée », écrit le quotidien L’Humanité, pour qui elle a travaillé comme correspondante de guerre. L’éditeur Dupuis de Riffaud a confirmé son décès mercredi.
Née en 1924 dans la Somme, Riffaud est fille unique d’instituteurs.
À 16 ans, elle avait rejoint la Résistance, d’abord comme étudiante sage-femme, puis comme agent de liaison avec le groupe de résistance communiste, les Francs-tireurs et partisans (FTP).
Opérant sous le nom de code « Rainer », en hommage au poète allemand Rainer Maria Rilke, elle disait souvent qu’elle n’était « pas en guerre contre le peuple allemand, mais contre les nazis ».
Village natal décimé
Ce qui la pousse à prendre les armes, c’est le massacre d’Oradour-sur-Glane, le village de sa jeunesse, décimé en juin 1944 par les nazis.
L’engagement de Riffaud a été alimenté par le massacre nazi d’Oradour-sur-Glane, qui a décimé son village d’enfance en juin 1944.
Le 23 juillet 1944, elle a abattu un officier nazi sur le pont Solférino à Paris, un acte déterminant dans ses activités de Résistance.
La France se souvient d’Oradour, d’un massacre de la Seconde Guerre mondiale et du village martyr laissé derrière lui
Elle a ensuite exprimé des sentiments mitigés à propos de cet acte, déclarant : « Peut-on être méchant quand on regarde la Seine ? C’était peut-être un type bien… mais bon, c’est la guerre.
Capturée peu de temps après, elle a été torturée pendant trois semaines sans nourriture, sans eau ni sommeil – tout en refusant de révéler des informations sur ses camarades « résistants ».
« Tuer quelqu’un est une chose terrible à faire. Il n’est jamais bon de tuer qui que ce soit, même un ennemi, il faut le savoir », a-t-elle déclaré aux journalistes des années plus tard.
Reportage de guerre
Après la guerre, Riffaud canalise ses expériences vers le journalisme, travaillant pour L’Humanité et des reportages sur les conflits mondiaux, y compris les guerres d’Algérie et du Vietnam.
Elle a passé sept ans au sein du Viet Cong, documentant la résistance pendant la guerre du Vietnam. Ses expériences ont inspiré un livre sur la guérilla et ont solidifié sa réputation de correspondante intrépide.
En 1946, elle rencontre Hô Chi Minh à Paris et voyage au Vietnam, rejoignant la résistance Viet Cong pendant sept ans et couvrant leur combat pendant la guerre du Vietnam.
Elle écrivit plus tard un livre sur la guérilla inspiré par cette expérience.
En souvenir du lourd tribut du Jour J pour les civils français
De retour en France, elle publie Les Linges de la Nuitson premier livre, et une anthologie de poésie en 1972.
Son travail a été largement reconnu et en 2001, elle a reçu la Légion d’honneur des mains de son compatriote résistant Raymond Aubrac, marquant ainsi son dévouement de toute une vie pour la justice.
À l’occasion de son 100e anniversaire, Riffaud a publié le dernier volume de ses mémoires graphiques, Madeleine, Résistanteréalisée avec l’artiste Dominique Bertail et l’écrivain Jean-David Morvan, relatant ses années de guerre.
Morvan lui a rendu hommage sur les réseaux sociaux peu après son décès, en partageant une photo d’elle.
Riffaud est décédée dans son appartement parisien le 6 novembre 2024.