Les agriculteurs français ont organisé mardi de nouvelles manifestations contre un projet d’accord commercial entre l’Union européenne et le bloc Mercosur, comprenant quatre pays d’Amérique du Sud. Alors que le gouvernement français a exprimé sa ferme opposition à l’accord, les manifestants exhortent le président Emmanuel Macron à prendre des mesures plus fermes pour protéger leurs intérêts.
L’accord, qui établirait la plus grande zone de libre-échange au monde, est devenu un point chaud d’insatisfaction croissante dans le secteur agricole.
Mardi matin, plus de 100 agriculteurs sont partis de Béziers, une ville du sud de la France, en direction de la frontière franco-espagnole près de Perpignan.
Leur objectif est de bloquer la circulation sur les grands axes routiers pendant plusieurs jours.
Alors que le convoi empruntait l’autoroute A9, le cortège comprenait une centaine de véhicules, dont six tracteurs. A Narbonne, ils ont été rejoints par une dizaine de voitures supplémentaires.
Pendant ce temps, à Bordeaux, une trentaine de tracteurs se sont rassemblés devant le siège de l’autorité régionale, symbole de l’agitation croissante dans les zones rurales.
Malgré l’opposition virulente du gouvernement français à l’accord, les agriculteurs affirment que le président Emmanuel Macron et son administration ne font pas assez pour répondre à leurs préoccupations.
Les protestations, qui ont débuté plus tôt cette année, prennent désormais de l’ampleur, de nombreux acteurs de la communauté agricole accusant le gouvernement de ne pas avoir apporté le soutien promis.
Les agriculteurs mettent en garde contre la « tolérance zéro » alors que la France se prépare à une semaine de protestation
Bloquer le fret alimentaire
Le syndicat agricole FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, qui représentent ensemble la plupart des agriculteurs de France, ont soutenu les manifestations.
Le syndicat d’agriculteurs radicaux, Coordination Rurale, a menacé d’intensifier la pression plus tard cette semaine et de commencer à bloquer le transport de produits alimentaires, si aucun progrès n’était réalisé. Les manifestations s’inscrivent dans la continuité de frustrations plus larges au sein du secteur agricole.
Lundi, les agriculteurs ont organisé plus de 80 manifestations à travers le pays, dressant des fausses potences et des croix en bois pour symboliser la mort de l’agriculture française.
Ils ont également bloqué le Pont de l’Europe, qui relie la France et l’Allemagne, pour protester contre le projet de la Commission européenne de conclure le traité du Mercosur après deux décennies de négociations.
A Bordeaux, au bord de la Garonne, plusieurs dizaines d’agriculteurs ont incendié lundi soir des vignes arrachées.
« Aujourd’hui, nous ravivons la flamme de notre combat », a déclaré Jérôme Fréville, vigneron de 60 ans. « Soyez prudent. Nous ne reculerons pas. »
Faible revenu, bureaucratie
Les agriculteurs français se plaignent d’une bureaucratie excessive, de faibles revenus et de mauvaises récoltes.
Ils disent qu’ils attendaient que les autorités tiennent les promesses de soutien faites par le gouvernement avant que Macron ne dissout la chambre basse du Parlement cet été, déclenchant une crise politique.
Le projet d’accord de libre-échange UE-Mercosur a provoqué une nouvelle colère.
Les agriculteurs craignent que l’accord n’inonde les marchés européens de produits sud-américains moins chers qui ne répondent pas aux mêmes normes strictes en matière de pesticides, d’hormones et de protection de l’environnement exigées des producteurs européens.
Malgré ces inquiétudes, Macron a réitéré que la France n’était pas la seule à s’opposer à l’accord.
S’exprimant lundi au Brésil lors du sommet du G20, le président français a déclaré que plusieurs autres pays de l’UE rejoignaient la France dans sa résistance à l’accord.
Macron a qualifié l’accord du Mercosur de dépassé, affirmant qu’il était « basé sur des conditions préalables désormais obsolètes ».