Le Parlement français débat d’un projet de loi qui interdirait aux enfants de moins de 16 ans d’assister aux corridas. Même si elle risque d’être rejetée, la proposition a déjà suscité de vives réactions, notamment parmi les fans de cette tradition vieille de plusieurs siècles.
Le projet de loi, présenté par Samantha Cazebonne, ancienne députée représentant les citoyens français en Espagne et au Portugal, a rouvert de profondes divisions entre les militants des droits des animaux et les défenseurs de la culture locale.
Il sera voté par les sénateurs vendredi.
Dans les régions où la corrida reste une tradition essentielle – comme les villes du sud de Bayonne, Nîmes et Béziers – où elle est reconnue comme faisant partie du paysage culturel, le débat a été particulièrement vif.
L’Union des villes taurines de France (UVTF) s’est vigoureusement opposée au projet de loi, le qualifiant d’« attaque sans précédent » contre la tauromachie.
Les groupes de défense des droits des animaux, quant à eux, y voient une opportunité de sensibiliser à ce qu’ils considèrent comme l’impact néfaste des corridas sur les enfants. Le collectif Protec (Protéger les enfants des corridas) a déjà rassemblé plus de 40 000 signatures en faveur du projet de loi.
Une centaine de maires ont récemment publié une pétition dans Midi Libreun journal régional, prévient qu’exposer les enfants à des corridas « les initie à la pratique d’un crime ».
Jacques-Charles Fombonne, président de la Société française de protection des animaux (SPA), partage cet avis : « Il est de notre devoir d’éduquer les jeunes générations pour qu’elles rejettent l’idée de la mort comme divertissement ».
Cazebonne reste déterminé à faire avancer le projet de loi.
« De nombreux pays voisins, y compris ceux qui ont de fortes traditions taurines comme l’Espagne, le Portugal et plusieurs pays d’Amérique du Sud, ont déjà adopté des lois sur cette question », a-t-elle déclaré.
« Pourquoi devrions-nous être les derniers à protéger nos enfants ? »
Cruauté envers les animaux ou culture locale ? L’interdiction de la corrida divise la France
Identité culturelle
Le débat sur l’interdiction proposée a mis en lumière un conflit plus large entre la préservation du patrimoine culturel et la protection des enfants contre ce que certains considèrent comme des expériences violentes et dérangeantes.
Le projet de loi a trouvé le soutien des législateurs de gauche et de droite, y compris de certains républicains conservateurs au Sénat.
Parmi les partisans du projet de loi se trouve Arnaud Bazin, vétérinaire et sénateur du Val-d’Oise, qui affirme qu’autoriser les enfants à assister aux corridas est incompatible avec les autres protections prévues par la loi française.
« Ce sont des spectacles extrêmement violents », a déclaré Bazin. « Les autoriser en présence d’enfants est contraire à nos lois sur la protection de l’enfance. »
Cependant, le projet de loi se heurte à une forte opposition au sein du Sénat. Un récent examen du comité a montré que la majorité des sénateurs soutiennent la préservation des libertés locales et des droits parentaux, arguant que les familles devraient décider elles-mêmes si les enfants peuvent assister aux corridas.
Max Brisson, sénateur LR des Pyrénées-Atlantiques, s’est indigné sur les réseaux sociaux, estimant que le projet de loi « viole les libertés locales, nie le rôle des parents dans l’éducation de leurs enfants et cherche à les empêcher de transmettre leur culture et leur culture ». identité ».
Défis juridiques
Le projet de loi fait également face à des contestations juridiques. Les critiques soulignent que les sanctions proposées en cas de violation de la loi – jusqu’à cinq ans de prison et 75 000 € d’amende – sont disproportionnées, notamment lorsqu’il s’agit de la question des mineurs assistant aux corridas.
Louis Vogel, sénateur du parti Horizons et rapporteur du projet de loi, a qualifié la proposition d’incohérente, soulignant qu’elle permettrait aux enfants de fréquenter les écoles taurines mais leur interdirait de regarder les événements réels.
Le projet de loi intervient deux ans après une tentative ratée d’Aymeric Caron, député du parti d’extrême gauche France Insoumise, d’interdire complètement la corrida en France. Ce projet de loi, qui visait une interdiction totale, n’a jamais été soumis au vote de l’Assemblée nationale.
(avec fils de presse)