Maître Mathieu Jacquier déplore que l’accent soit mis sur des actions communicatives plutôt que sur des mesures réellement efficaces.
« Il y a trop longtemps que la justice pénale, qui attire l’attention des médias, qui suscite des débats et des écrits, a été privilégiée, au détriment de la justice du quotidien, celle qui concerne les Français, et plus spécifiquement la justice des affaires familiales », déplore Me Mathieu Jacquier, le bâtonnier de Marseille, lors de son intervention sur France Bleu Provence, ce vendredi 8 novembre.
Ce jour-là, les ministres de l’Intérieur et de la Justice sont attendus en fin de matinée à Marseille pour annoncer leurs mesures de lutte contre le trafic de drogue. Or, l’avocat a adressé une lettre ouverte à Didier Migaud, le ministre de la Justice, lui exposant son inquiétude quant aux procédures familiales, où les temps d’attente deviennent anormalement longs.
Ce domaine est pourtant crucial « car il concerne des situations souvent tragiques, comme les violences intrafamiliales, qui sont une des priorités gouvernementales depuis longtemps. Malheureusement, aujourd’hui, ce secteur est l’un des laissés-pour-compte de notre justice », ajoute-t-il.
Bien qu’il reconnaisse l’importance de lutter contre le trafic de stupéfiants, le bâtonnier affirme que « en tant que ministre de la Justice ou comme État français, il est indispensable de mener tous les combats ». Pour lui, « s’occuper exclusivement du trafic de drogue tout en négligeant le reste du système judiciaire en France rompt le lien que les citoyens ont avec la République et la démocratie. »
Des délais de traitement des affaires extrêmement longs
Me Mathieu Jacquier a travaillé jeudi avec la commission droit de la famille pour vérifier les délais de traitement des dossiers. Pour obtenir une première audience pour « mesures provisoires », il faut compter « neuf mois ». « La première date possible proposée par le tribunal pour une affaire était le 30 juin. »
Dans une situation où « vous n’êtes pas mariés, que vous vous êtes séparés de votre partenaire, et que vous êtes empêchés par votre ex-conjoint de voir votre enfant, la date serait autour du 15 juillet, soit dix mois, ce qui est dramatique, » explique l’avocat.
Selon Me Jacquier, « un pan entier de la justice, en particulier à Marseille, est en grande difficulté ». La justice civile de la ville « souffre énormément, » et « ce n’est pas seulement le juge aux affaires familiales ». Cependant, « cela reste l’aspect le plus emblématique de la justice civile, et les familles sont gravement affectées », conclut Me Jacquier.