Marine Le Pen a averti que le Rassemblement National soutiendra une motion de censure contre le gouvernement si le budget prévoit une baisse du pouvoir d’achat des Français. Cette déclaration commence à susciter des préoccupations au sein de l’exécutif.
Marine Le Pen brandit la menace d’une motion de censure pour tenter de destituer le gouvernement dirigé par Michel Barnier avant la fin de l’année. La dirigeante du groupe Rassemblement National (RN) à l’Assemblée nationale intensifie la pression en exigeant que le gouvernement prenne des mesures sur le budget.
Marine Le Pen s’oppose à toute augmentation des taxes sur l’électricité et juge « inacceptable » que les retraités subissent des pertes financières. Elle aura l’occasion d’exprimer son mécontentement le lundi 25 novembre au Premier ministre, car Michel Barnier prévoit de recevoir individuellement les chefs de groupes parlementaires pour discuter du budget, en commençant par Marine Le Pen. Si elle ne trouve pas d’écoute pour certaines de ses demandes, elle est très claire : « Ce qui est certain, c’est que nous ne permettrons pas que le pouvoir d’achat des Français soit encore davantage amputé, vu la situation économique actuelle. C’est une ligne rouge. Si cette ligne rouge est franchie, nous soutiendrons la censure. Il n’y a aucune ambiguïté ».
Lorsque Michel Barnier a été nommé en septembre, le RN avait choisi de ne pas soutenir la motion de censure de la gauche pour donner une chance au nouveau Premier ministre. Cependant, ces derniers jours, le ton a changé. Les proches de Marine Le Pen intensifient la pression, bien qu’ils affirment qu’il n’y a « aucun lien » avec les réquisitions du parquet dans l’affaire des assistants parlementaires européens qui menacent Marine Le Pen d’inéligibilité pour la présidentielle. Un député, allié de Michel Barnier, craint que, dans ces circonstances, elle soit « tentée de mener une politique de la terre brûlée » pour faire chuter le gouvernement.
Certains alliés du Premier ministre y voient une tactique
Cette menace suscite suffisamment de préoccupations au sein de l’exécutif pour déclencher une réponse de défense. Face aux menaces de censure du RN, des membres du gouvernement évoquent les risques de désordre et de crise financière si le gouvernement devait chuter en fin d’année. « Sans gouvernement et sans budget, cela provoquerait un stress considérable dans le pays pendant les fêtes de Noël », dramatise un ministre avec une attitude fataliste : « Si les oppositions s’unissent pour renverser le gouvernement, il tombera ». Si le RN et la gauche votaient ensemble, ce serait effectivement le cas.
Cependant, parmi les soutiens de Michel Barnier, certains pensent qu’il s’agit d’un coup de bluff de la part du Rassemblement National. Un député estime que le RN pourrait simplement déposer sa propre motion de censure, sachant qu’elle n’a aucune chance d’aboutir, afin d’envoyer un signal à ses sympathisants opposés à Michel Barnier sans aller jusqu’à appuyer celle du Nouveau Front Populaire. Comme souvent avec la stratégie parlementaire du RN, les partisans de Marine Le Pen pourraient jouer au bluff jusqu’à la dernière minute.