Mercredi, l’Assemblée et le Sénat ont choisi de supprimer le financement du Service national universel. Cette décision représente un véritable sujet d’inquiétude pour Emmanuel Macron, car elle remet en question un symbole important pour lui.
Un des symboles de la présidence d’Emmanuel Macron semble disparaître progressivement : le Service national universel (SNU) est à présent menacé de suppression. Le mercredi 30 octobre, tant l’Assemblée nationale que le Sénat ont donné leur accord pour éliminer cette initiative du budget de l’État, après que la Cour des comptes a estimé son coût annuel entre 3,5 et 5 milliards d’euros. La porte-parole du gouvernement a reconnu, en marge du conseil des ministres, que le contexte financier actuel ne permet pas sa mise en œuvre à grande échelle.
Cet ambitieux projet était pourtant à l’étude dès la première campagne présidentielle de 2017. Emmanuel Macron souhaitait initialement réintroduire un service militaire universel. Cependant, cette proposition avait suscité peu d’enthousiasme au sein de l’Armée, principalement en raison de préoccupations liées aux coûts et à la logistique.
Raviver la « cohésion » au sein d’une jeunesse « en quête de repères »
En 2019, Gabriel Attal, alors secrétaire d’État à la jeunesse, a lancé le Service national universel : un programme de stage de cohésion comprenant le port d’un uniforme et une cérémonie de lever de drapeau, jumelé à une mission d’intérêt général. L’idée était de favoriser les rencontres entre jeunes de différentes origines géographiques et sociales, de renforcer leur sens du devoir et de leur rappeler qu’ils partagent un avenir commun.
Lorsque Gabriel Attal a pris ses fonctions à Matignon, une nouvelle phase devait être amorcée : une généralisation du SNU pour les élèves de seconde, rendant ce programme presque obligatoire, notamment après le décès de Nahel à Nanterre et les émeutes qui ont suivi. Cette annonce avait été faite lors d’une grande conférence de presse destinée à donner un nouvel élan au second mandat présidentiel. Emmanuel Macron percevait cette généralisation comme une réponse partielle au malaise d’une jeunesse en quête de repères. C’était le 16 janvier 2024, il y a moins d’un an, et semble maintenant très éloigné.
Dissolution totale
Depuis lors, Emmanuel Macron a décidé de la dissolution, non seulement de l’Assemblée, mais également – et le président semble l’avoir découvert – de son propre pouvoir. En 2019, Gabriel Attal avait présenté cette initiative comme « la grande réforme sociétale de la première présidence ». Ce projet demeurera inabouti, fournissant des arguments aux critiques qui considèrent déjà l’ère Macron comme une sorte de parenthèse temporaire qui va bientôt se fermer.
En refusant de nommer Lucie Castets, candidate du Nouveau front populaire arrivée en tête aux élections législatives, le président français avait justifié sa décision en affirmant son intention de continuer à avancer, sans tourner en arrière. Mais les mesures impopulaires comme l’augmentation des impôts, l’ajustement de la réforme des retraites, la révision de la loi sur l’immigration, ou encore la suppression de postes dans l’éducation – un domaine qu’Emmanuel Macron avait qualifié de « la mère des batailles » – démontrent les limites de sa stratégie. La nomination de Michel Barnier ne le met pas totalement à l’abri des critiques qui pourraient conduire à un désaveu de son bilan.