En 2024, c’est au tour de la série « Shogun » de surpasser tous les records, suivant l’exemple de « One Piece » en 2023. Son immense succès a capté l’attention des producteurs occidentaux, prêts à s’en inspirer.
Après des années où elles ont été critiquées pour leur infidélité aux œuvres d’origine, les adaptations de créations japonaises à la télévision et au cinéma connaissent aujourd’hui une popularité sans précédent. Les créateurs du Japon doivent désormais s’adapter pour répondre à une demande croissante de la part des producteurs occidentaux, une situation encouragée par le succès de séries comme Shogun.
L’année dernière, l’adaptation de la célèbre série One Piece, un manga ayant vendu plus de 500 millions d’exemplaires, a été largement applaudie par le public et les critiques. Cette version comportait un acteur mexicain dans le rôle principal. D’autres célèbres mangas voient leurs histoires en cours d’adaptation pour le grand et le petit écran, comme les aventures de Naruto, le ninja, ou les récits des héros de My Hero Academia.
La France mise en avant
La France n’est pas en reste, avec la série inspirée du manga Les gouttes de dieu sur l’œnologie, qui a été distinguée Meilleure série dramatique lors des International Emmy Awards en novembre 2024. Une nouvelle interprétation de Cat’s Eyes, œuvre de Tsukasa Hojo connu pour City Hunter, a également été diffusée sur TF1.
Kaori Ikeda, directrice de Tiffcom, le marché des contenus audiovisuels lié au Festival international du film de Tokyo, explique que « la demande des marchés occidentaux est clairement en hausse » grâce aux plateformes de streaming qui ont popularisé les œuvres nippones. Afin de mieux faire correspondre l’offre et la demande, le Tiffcom a instauré un programme nommé « Story Market ». Ce programme, lancé l’année précédente, a cette fois vu la participation de six éditeurs japonais.
Des fans attentifs et exigeants
Dans le passé, plusieurs producteurs étrangers ont échoué dans leurs tentatives d’adaptation, comme ce fut le cas avec la version hollywoodienne de Ghost in the Shell en 2017, qui a été accusée de pratique de « whitewashing », c’est-à-dire de choisir des acteurs blancs pour des rôles initialement japonais.
L’adaptation de Death Note pour le cinéma n’a pas non plus été épargnée par la critique pour son éloignement de l’œuvre originale. Klaus Zimmermann, producteur de l’adaptation télévisée du manga Les Gouttes de Dieu axée sur le milieu viticole, souligne que « les auteurs de mangas jouissent d’un grand respect et la communauté de fans est très vigilante« .
L’adaptation franco-japonaise prend certes quelques libertés créatives, comme l’ajout d’une héroïne française, mais elle a été réalisée en coopération étroite avec les créateurs originaux. Le producteur explique que « l’enjeu était de capter l’esprit du manga sans le trahir« .
Yuki Takamatsu, chargé de la négociation des droits chez Kodansha, éditeur de ce manga, se réjouit de la « grande compréhension à chaque étape de la production« . Il précise que les difficultés passées tenaient à la communication limitée des souhaits des éditeurs japonais et à une compréhension moindre des mangas et animes auparavant. Désormais, les producteurs, notamment depuis la pandémie, se retrouvent à visionner des animés avec leurs enfants et à rechercher davantage de diversité dans les contenus.
L’impact de Shogun
La série historique Shogun, qui a remporté 18 accolades aux Emmy Awards en septembre 2024, a véritablement « bouleversé les perspectives » pour le Japon, affirme Masaru Akiyama de la BEAJ, l’Association japonaise pour l’exportation des programmes télévisés.
Ce drame historique du XVIIe siècle, né du roman de James Clavell mais réalisé avec un équipe artistique et technique japonaise, représente une « forte source de motivation pour les créateurs japonais, qui ont vu qu’un tel succès est possible« , note Ken Muratsu, un des responsables de Tiffcom.