Le 14 janvier, le Premier ministre est prévu de s’adresser aux membres du Parlement pour présenter son discours de politique générale.
Le gouvernement est désormais au complet. François Bayrou a révélé la liste des membres de son cabinet le lundi 23 décembre. Bruno Retailleau dirigera le ministère de l’Intérieur, Gérald Darmanin prendra en charge la Justice, et Elisabeth Borne sera à la tête de l’Éducation nationale. Le chef du MoDem s’est entouré d’un groupe de 14 ministres et 21 ministres délégués, comprenant de nombreux anciens titulaires de portefeuille ministériel, ayant déjà servi sous Emmanuel Macron ou d’autres présidences précédentes.
Le nouveau Premier ministre, après avoir constitué son équipe, devra s’employer à divers dossiers urgents, dont un texte d’urgence concernant Mayotte, l’énoncé de son programme politique qui pourrait faire l’objet d’une censure, ainsi que la question budgétaire. Son premier Conseil des ministres est prévu pour le vendredi 3 janvier à 10 heures.
Adoption rapide d’un texte d’urgence pour Mayotte
En réponse aux dégâts causés par le cyclone Chido à Mayotte, Emmanuel Macron s’est engagé à mettre en place une « loi spéciale » destinée à faciliter la reconstruction de ce département. Ce projet figure parmi les grandes priorités de l’exécutif dirigé par François Bayrou. « Nous devons former un gouvernement rapidement car un projet de loi urgente pour Mayotte peut être présenté dès demain en Conseil des ministres, » a souligné François-Noël Buffet, ancien ministre des Outre-mer, lors de l’émission « Les 4 V » sur France 2.
Le projet de loi exceptionnel pourrait permettre « de déroger à diverses règles habituelles, notamment en matière d’urbanisme, de construction et de marchés publics, » expliquait-il, ajoutant que le Conseil d’État l’avait déjà examiné. L’avis de l’institution « approuvé hier soir ne présente guère de complications, mis à part quelques détails techniques, » a-t-il assuré. « L’objectif est que le texte soit rapidement débattu au Parlement, » a insisté le ministre démissionnaire. « Il serait préférable qu’il soit examiné début janvier, » ajoutait-il. Pour l’heure, les activités parlementaires sont suspendues jusqu’au 14 janvier, mais une reprise anticipée pourrait être envisagée.
Un discours de politique générale programmé le 14 janvier
François Bayrou compte annoncer sa déclaration de politique générale le mardi 14 janvier devant le Parlement, selon France Télévisions, qui a recueilli cette information auprès des participants aux consultations menées par le Premier ministre et des membres du bureau de l’Assemblée nationale. A cette occasion, le nouveau Premier ministre exposera ses grandes orientations et ses principaux objectifs. Il pourrait demander un vote de confiance, bien que cela ne soit pas obligatoire, contrairement à ses prédécesseurs Elisabeth Borne, Gabriel Attal et Michel Barnier, qui l’avaient évité en l’absence de majorité absolue.
Lors de sa première intervention en tant que Premier ministre, le 17 décembre, François Bayrou a abordé les nombreux défis qualifiés d’« Himalaya ». « Je ne cacherai rien et ne laisserai aucun problème sans solution, » a-t-il affirmé. « Les questions liées aux dépenses publiques et aux fractures sociales, je m’efforcerai de les résoudre en tenant compte de tous les groupes. » Il a promis de ne pas abandonner « la question budgétaire sans y apporter de réponse. »
Une jeune motion de censure envisagée le 16 janvier
Le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a déjà prévu de soumettre une motion de censure consécutive au discours de politique générale de François Bayrou. Le 14 janvier, il a déclaré dans une interview au Parisien, « nous réclamons un vote de confiance pour vérifier s’il détient une majorité. Sinon, une motion de censure sera déposée, » évoquant que le vote de cette motion « pourrait avoir lieu le 16 janvier, deux jours après le discours de politique générale, ».
Mélenchon estime qu’une censure pourrait obtenir suffisamment de soutiens : « À gauche, ceux qui ont souhaité négocier un accord ont été refusés, ils reviendront dans nos rangs. » Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste, n’a pas « trouvé de raisons suffisantes pour ne pas censurer, » après une réunion à Matignon avec les partis politiques, jugeant « consternante la faiblesse des propositions faites. »
Du côté de l’extrême droite, le président du Rassemblement national, Jordan Bardella, a indiqué être « prêt à ne pas censurer d’emblée une personnalité issue de la droite et du centre. » Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, a cependant nuancé : « Bien que la censure soit un outil constitutionnel, je ne m’en sers pas comme d’une menace constante, j’explore simplement toutes les options disponibles. »
Un budget finalisé espéré pour « mi-février »
Les nouveaux ministres doivent rapidement travailler sur le budget 2025. Les députés avaient rejeté le précédent gouvernement suite à l’activation de l’article 49.3 pour faire passer, sans vote, le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS). Actuellement, une « loi spéciale » d’urgence autorise temporairement le gouvernement à percevoir des impôts et emprunter pour financer l’État et la Sécurité sociale.
Le budget, que ce soit pour le PLFSS ou le budget général, pourrait être basé sur une version antérieure ou réécrit en entier. Sur France 2, François Bayrou a exprimé son souhait d’adopter un budget « d’ici mi-février. » « Je ne suis pas certain d’y parvenir, » a-t-il cependant nuancé. Le Premier ministre a précisé qu’il souhaitait s’inspirer « du document déjà voté. »
« Je n’aurai recours au 49.3 que si le blocage sur le budget devient total, a déclaré le Premier ministre. Je souhaite favoriser le dialogue autant que possible. Concernant les autres textes, le 49.3 ne sera utilisé qu’en derniers recours. » Ce message s’adresse principalement aux forces politiques « qui, bien qu’opposées, acceptent la concertation » et qui ne cherchent pas activement à faire tomber le gouvernement.