De nombreux dossiers importants demeurent sur le bureau de la ministre de l’Agriculture, plusieurs ayant subi des retards en raison de la dissolution de l’Assemblée nationale, suivie de la censure imposée au gouvernement Barnier.
Les responsables du monde agricole restent sous la houlette du même ministre. Annie Genevard a été confirmée au poste de ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire ce lundi 23 décembre par François Bayrou. À la tête de ce ministère, elle doit faire face à de nombreux enjeux sensibles, exacerbés par la crise agricole persistante en France.
Les deux principaux syndicats agricoles, la FNSEA et les Jeunes Agriculteurs, estiment que la ministre est bien consciente de l’importance de la situation actuelle et des attentes des agriculteurs. Ils insistent sur le fait qu’elle « doit poursuivre les engagements pris envers le monde agricole depuis plus d’un an », engagements qui ont été en partie retardés par la dissolution de l’Assemblée nationale et les conséquences de la censure du gouvernement dirigé par Barnier. Selon les syndicats, sa « reconduction devrait permettre d’assurer une continuité dans le traitement des dossiers agricoles. Cette nomination répond au besoin de clarté et de stabilité réclamé par le secteur agricole », ont-ils déclaré dans un communiqué commun ce lundi.
La FNSEA, qui est le premier syndicat agricole en France, avait exhorté les députés à ne pas faire tomber le gouvernement au début du mois de décembre. « Pour que le secteur agricole voie se concrétiser les promesses, nous avons besoin d’un budget adéquat », avait souligné à cette occasion Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, lors d’un discours tenu aux universités d’hiver des Jeunes Agriculteurs en Dordogne, le 4 décembre dernier, après l’adoption de la censure. « Il s’agit de près de 400 millions d’euros destinés à répondre aux besoins des agriculteurs », avait-il précisé.
Réforme des retraites, épizootie, Mercosur et plus encore
La FNSEA demande que ces mesures soient incluses dans le prochain projet de loi de finances à venir. Parmi ces mesures, on retrouve notamment la pérennisation de la taxe réduite sur le gazole non routier (GNR) utilisé par les machines agricoles, qui était au cœur des revendications lors des grandes manifestations de l’hiver dernier. Il s’agit aussi de réformer le calcul des retraites agricoles pour qu’il repose sur les 25 meilleures années de travail.
D’autres textes restent à examiner, tels que le projet de loi d’orientation agricole, qui avait été revu après le mouvement de grogne du début de l’année et est resté en suspens suite à la dissolution de l’Assemblée nationale. Le gouvernement Barnier n’a pas eu l’opportunité de faire revenir ce projet à l’ordre du jour. Les agriculteurs attendent également des compensations pour les éleveurs touchés par l’épizootie de fièvre catarrhale ovine.
Un autre sujet délicat concerne le projet de traité de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur en Amérique du Sud, perçu comme défavorable pour les agriculteurs européens. Les négociations ont été officiellement conclues par Bruxelles. La France, qui s’oppose à la ratification finale, s’efforce de s’y opposer. Début décembre, Annie Genevard s’était déclarée « très sceptique quant à la pertinence de cet accord ». À moins de deux mois du Salon de l’agriculture, les syndicats demandent des actions concrètes et claires.