Dans ses efforts pour créer un nouveau gouvernement, François Bayrou est conscient qu’il doit se presser. Cependant, sa façon de faire suscite des questions, et ceux avec qui il discute lui reprochent de ne pas donner des engagements clairs.
Annonce d’une Équipe Gouvernementale avant Noël
François Bayrou s’est engagé à dévoiler la composition de son nouveau gouvernement avant les fêtes de fin d’année. Il espère ainsi faire à ses compatriotes un présent en l’annonçant au plus tard le lundi précédent Noël, soit le 23 décembre. Cette nouvelle équipe ministérielle aura essentiellement de nouvelles recrues, bien que certains membres de la précédente configuration menée par Barnier, tels que Bruno Retailleau, soient pressentis pour conserver leur poste, notamment à l’Intérieur. On peut dire que Retailleau a peu exercé ses fonctions puisqu’il était là depuis moins de trois mois. Cependant, le reste de la formation gouvernementale demeure entouré de mystère. Que ce soit à gauche ou à droite, certains reprochent à Bayrou son manque de promesses claires. Cette incertitude a poussé Olivier Faure, dirigeant du PS, à brandir de nouveau le spectre de la censure le 19 décembre. Bayrou, bien qu’ouvert aux discussions, semble avancer prudemment, ce qui suscite des interrogations, même parmi ses partisans.
Il est d’ailleurs curieux de noter qu’il a demandé à nouveau aux partis de l’« arc républicain » réunis à Matignon s’ils envisageraient une participation à son gouvernement, alors qu’il connaît déjà la position de la plupart d’entre eux. Le centre en fera naturellement partie. Les socialistes, écologistes et communistes ont, quant à eux, exprimé leur refus de collaborer avec un gouvernement dirigé par une personnalité de droite. Le seul élément incertain reste la position des Républicains, qui cherchent à obtenir certaines assurances, notamment sur la question de l’immigration. En réalité, même si le Premier ministre s’entretient avec certains partis, il a probablement d’autres interlocuteurs en tête.
Mobiliser le « Sens des Responsabilités »
Dans le cadre de ses négociations avec les divers groupes parlementaires, François Bayrou agit de manière logique puisqu’il sait que sa pérennité en dépend. Sa démarche s’adresse en priorité au peuple français. Ainsi, il propose aux partis une « offre publique de participation » au sein du gouvernement. Dans cette expression singulière, l’élément central est « publique ». En agissant ainsi, il cherche à impliquer directement les citoyens, en particulier ceux fidèles au PS et aux Républicains, espérant raviver en eux un « sens des responsabilités ». Bayrou est persuadé que, mis à part Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, aucun parti sérieux, que ce soit de gauche ou de droite, ne souhaite le voir échouer rapidement, ce qui entraînerait des élections anticipées.
Selon lui, tous les autres partis, ceux que l’on qualifie habituellement de gouvernementaux, finiront par se regrouper au bord du gouffre, celui des déficits accrus, de l’endettement important et de l’absence d’un budget clair. Néanmoins, ce retour à la raison reste hypothétique. Étant donné la tendance immature qui semble régner dans les rangs de l’Assemblée, il n’est pas exclu que, face à l’abîme, une majorité décide de faire un pas de plus vers le vide.