Depuis le début de sa carrière en politique, le nouveau Premier ministre a exercé de multiples fonctions de grande importance. Pendant son ascension au sein des plus hautes sphères de l’État, il a aussi rencontré certains adversaires.
Un voyageur chevronné dans le monde politique
Le chef de l’État, Emmanuel Macron, a fait le choix de nommer François Bayrou comme Premier ministre ce vendredi 13 décembre. À 73 ans, succédant à Michel Barnier renversé par l’Assemblée nationale le 4 décembre, François Bayrou, leader du MoDem, devient ainsi le sixième Premier ministre du mandat présidentiel d’Emmanuel Macron, initié en 2017, et le 28e titulaire de cette fonction sous la Ve République.
Depuis plus de quatre décennies, François Bayrou a progressé à travers les rangs de la politique française. De ses débuts en tant que jeune militant sous Valéry Giscard d’Estaing jusqu’à sa nouvelle position à Matignon, en passant par son rôle de ministre de l’Éducation entre 1993 et 1997, il a également tenté sa chance à trois reprises aux élections présidentielles, de 2002 à 2012, sans toutefois atteindre le second tour.
Tensions avec Jacques Chirac
Tout au long de sa carrière, le Béarnais a également tissé des relations difficiles, y compris avec des figures présidentielles de poids. Déjà dans les années 1980, alors qu’il était jeune député de l’UDF depuis 1986, il éprouve de la frustration, aspirant à un rôle plus éminent. Selon L’Express, il aurait adressé à Valéry Giscard d’Estaing, qu’il considérait comme un modèle, la remarque suivante : « Monsieur le président, connaissez-vous la raison pour laquelle vous n’avez plus d’amis ? Vous les envoûtez, puis les abandonnez. L’amour se mue en haine. »
Cependant, c’est avec Jacques Chirac que les relations étaient les plus tendues. RMC rapporte un épisode datant du 21 avril 2002, lorsque Bayrou, alors candidat malchanceux de l’UDF avec 6,84 % des suffrages, espérait un appel de Chirac pour solliciter son soutien au second tour, en échange peut-être d’un poste de Premier ministre. Mais la surprise était grande avec l’arrivée de Jean-Marie Le Pen au second tour, éliminant Lionel Jospin. Peu après 20 heures, Jacques Chirac téléphone et lui lance sèchement : « Allo François ? Je voulais te dire que tu m’agaces », confiant dans sa victoire face au FN.
François Bayrou a révélé sur France Bleu que cet échange n’a pas empêché une rencontre dès le lendemain matin, où il nota la cordialité de Jacques Chirac, tout en insistant sur la complexité de leur rapport : « Son aisance envers les jeunes ne trahissait pas ses réelles pensées… Beaucoup retiennent sa tendance à donner des tapes dans le dos, mais c’est plus nuancé », se souvenait Bayrou après la disparition de Jacques Chirac en septembre 2019.
« Il n’a rien voulu faire et n’a rien résolu »
Simone Veil a aussi exprimé ses réserves vis-à-vis de François Bayrou, lui reprochant ses actions. En 2007, elle n’hésite pas à exprimer ses critiques dans Le Monde, mentionnant son parcours marqué par des alliances fluctuantes. Elle fustige son soutien à Jacques Chirac en 1995, au détriment d’Edouard Balladur, qui lui avait pourtant confié le ministère de l’Éducation. Elle déplorait son ambition de conserver son poste « uniquement pour ne rien accomplir ».
Simone Veil a également critiqué Bayrou pour sa gestion de l’amendement de la loi Falloux concernant le financement de l’enseignement privé : « Il rétorqua que cela lui importait peu, souhaitant plutôt inscrire ses enfants dans le privé », ce qui provoqua des manifestations massives. Le Monde rapporte aussi qu’elle le critiqua de n’avoir pas pris position sur l’affaire du port du voile à l’école. « Il n’a rien voulu faire et n’a rien résolu », peut-on lire dans les archives. Elle concluait en expliquant que sa popularité s’expliquait par la désaffection envers les politiciens traditionnels.
« Un trahisseur récurrent »
Nicolas Sarkozy a également manifesté son opinion sur Bayrou, n’hésitant pas à le critiquer dans son ouvrage Passions, publié en 2019 : « Il a systématiquement trahi ceux qu’il a un jour choisis », avant de décrire la « profonde antipathie » de Bayrou vis-à-vis de ceux qui réussissent.
Sur LCI, Bayrou avait répondu que ces attaques de Sarkozy envers ses anciens opposants étaient négligeables. Il ajouta en frappant fort : « Il a cette habitude, par rapport à tous ses rivaux, de faire parler ceux qui sont absents. Un procédé peu courageux. » Évoquant Jacques Chirac, Bayrou se rappela qu’il avait proposé de « l’écraser mais d’utiliser le pied gauche pour que cela porte chance », un clin d’œil à la relation tendue entre Sarkozy et Chirac.
« Vers une réconciliation espérée »
Aujourd’hui, en tant que tout nouveau Premier ministre, Bayrou exprimait le vendredi 13 décembre son souhait de devenir un facteur d’unification plutôt que de division : « Trouvons un chemin qui unisse plutôt que de séparer nos concitoyens. La réconciliation est primordiale malgré les défis », a-t-il déclaré.
Pour conclure cette première allocution, il a cité François Mitterrand lors de son élection le 10 mai 1981 : « Enfin, les tracas débutent… » Faisant référence à ce qui l’attend, il se remémore ce que disait à son égard un ancien chef de l’État : « Suivez François Bayrou, il atteindra la présidence. Il est le plus talentueux à droite », une prédiction rapportée par Public Sénat.
