À l’âge de 100 ans, Jimmy Carter est décédé, laissant derrière lui un riche héritage d’engagement diplomatique intense après son départ de la présidence. Durant sa seule période à la Maison Blanche, deux événements majeurs définissent son passage : les historiques accords de Camp David et la crise des otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran.
Voici l’histoire d’un ancien président qui a su conquérir le cœur de son peuple après avoir quitté ses fonctions. Jimmy Carter s’est éteint à 100 ans dans la ville où il a vu le jour en 1924, en Géorgie. Les nombreux hommages qui suivent sa disparition soulignent le paradoxe d’un président américain davantage acclamé pour ses actions post-mandat. Son unique mandat de 1977 à 1981 reste cependant marqué par deux événements significatifs aujourd’hui : la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran et les accords de paix de Camp David entre Israël et l’Égypte.
En septembre 1978, ces discussions ont lieu alors qu’aucune nation régionale ne reconnaît Israël, dans un contexte postérieur aux guerres des Six Jours et de Kippour, qui ont vu une coalition arabe s’opposer à Israël. Par sa détermination et son adresse, Jimmy Carter facilite le premier traité de paix entre Israël et une nation arabe. Il parvint à rassembler Anouar al-Sadate, le président égyptien, et Menahem Begin, le premier ministre israélien, à Camp David, dans la résidence de campagne des présidents américains, nichée en pleine nature à une centaine de kilomètres de Washington. Dans cet environnement paisible, éloigné de la presse, il réussit à rapprocher les deux dirigeants après près de deux semaines de discussions intenses.
Saluant la « vision et la résolution » d’al-Sadate et Begin, il obtient la reconnaissance d’Israël par l’Égypte et le retrait israélien du Sinaï, que les troupes israéliennes quitteront trois ans plus tard. Anouar al-Sadate paiera cet engagement de sa vie, assassiné en 1981, mais l’accord tient encore aujourd’hui, ouvrant la voie à la célèbre poignée de main entre Arafat et Rabin quinze ans plus tard à Oslo. Les désaccords persistants sur la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem demeurent néanmoins un obstacle majeur au processus de paix.
D’une avancée notable à une épreuve cuisante
Jimmy Carter ne pourra profiter de ce succès diplomatique. Fin 1978, alors que le Shah d’Iran, évincé par l’instauration de la République islamique, trouve asile aux États-Unis, des centaines d’étudiants iraniens, partisans de l’ayatollah Khomeiny, envahissent l’ambassade américaine à Téhéran. Carter doit annoncer, visiblement affecté, sa fermeture et, surtout, la prise en otage d’une cinquantaine de diplomates et employés, filmés les yeux bandés devant des drapeaux américains en feu. Cet événement marque le début de quatre décennies de tensions entre les deux pays, contribuant à l’image de faiblesse associée à Carter. Les négociations, ponctuées d’une tentative de secours échouée, aboutiront finalement à la libération des otages le jour de l’investiture de Ronald Reagan comme président.
Après avoir surmonté cet échec, Jimmy Carter réinvente sa carrière en se consacrant à un engagement politique différent, en tant que médiateur et promoteur d’initiatives humanitaires. Ces efforts, soutenus par sa fondation, lui vaudront le Prix Nobel de la paix en 2002 et le titre honorifique de « meilleur ancien président américain » attribué par Time Magazine.