L’homme d’affaires, connu pour partager fréquemment ses opinions sur les politiques internes des nations étrangères, pense à apporter un soutien financier au parti britannique Reform UK.
Quelle est l’ampleur de l’influence politique d’Elon Musk ?
Le lundi 16 décembre, Elon Musk, le milliardaire américain bien connu, a été vu en compagnie de Nigel Farage, le figure de proue du parti britannique d’extrême droite Reform UK. Selon Nigel Farage, qui s’est entretenu avec la BBC après leur rencontre chez Donald Trump en Floride, Musk aurait montré un certain intérêt à soutenir ces idéaux. Il avait précédemment été suggéré par le magazine Times que le PDG de Tesla, SpaceX et X envisageait de financer le parti nationaliste à hauteur de 100 millions de dollars, une affirmation que Musk avait initialement démentie.
Cependant, il est vrai qu’Elon Musk a pris part financièrement à la campagne de l’ancien président républicain Donald Trump. Nigel Farage a confirmé à la BBC que des "négociations" étaient bien en cours concernant un éventuel don, sans en préciser toutefois le montant exact. Dominic Johnson, vice-président du Parti conservateur, a critiqué Musk, l’accusant de vouloir "acheter" le mouvement excentriste britannique. Le rapprochement de Musk avec ce parti d’extrême droite suscite depuis plusieurs semaines une vive polémique au Royaume-Uni.
Le quotidien Guardian, par exemple, s’insurge contre ce qu’il considère comme une "influence manifeste" d’Elon Musk. Il explique que le milliardaire américain a fréquemment critiqué le gouvernement britannique. En novembre, Musk a soutenu une pétition sur X demandant la tenue de nouvelles élections législatives, accusant le Parti travailliste de diriger "un état policier autoritaire". Cet été, alors que des troubles à caractère racial survenaient au Royaume-Uni, Musk avait parlé d’une "guerre civile inévitable" dans le pays et reproché au gouvernement sa fermeté envers les émeutiers, un avis qualifié "d’injustifiable" par Downing Street.
Des critiques contre les gouvernements de gauche
Elon Musk ne limite pas son implication politique au Royaume-Uni. Rejetant toute forme de régulation, il cible régulièrement différents gouvernements étrangers via son réseau social X, où il rassemble plus de 200 millions de followers. En parallèle, il établit des relations avec des figures populistes et conservatrices. L’Italie en est un exemple récent. Le système de camps de rétention pour migrants en Albanie, proposé par Giorgia Meloni, a été rejeté par la justice italienne. Musk a alors interrogé : "Le peuple italien vit-il dans une démocratie ou est-ce qu’une autocratie non élue prend les décisions ?"
Ces remarques ont incité Sergio Mattarella, président de l’Italie, à plaider pour "le respect de la souveraineté" nationale. Quant au Venezuela, suite à la réélection controversée de Nicolas Maduro, Musk a traité le président de "dictateur" et a plaisanté publiquement sur l’idée de le ramener à Guantanamo. En 2022, Musk avait provoqué une réaction indignée au Canada en comparant le Premier ministre Justin Trudeau à "Hitler", selon La Presse. Cette réaction faisait suite à son soutien aux protestations contre les vaccins anti-Covid-19. Au Brésil, suite à l’interdiction de sa plateforme, il a qualifié un juge responsable de cette décision de "dictateur".
Un soutien aux leaders populistes
X ne sert pas seulement de plateforme à Elon Musk pour s’opposer aux politiques qu’il réprouve. Selon Guardian, il s’en sert également pour "renforcer la rhétorique de l’extrême droite". À l’approche d’élections cruciales, il utilise le réseau social pour manifester son soutien à certains candidats. Récemment, il a publié sur X : "Seul l’AfD peut sauver l’Allemagne", en lien avec un message d’une influenceuse aux affinités avec l’extrême droite allemande. En 2023, il avait multiplié les déclarations de soutien envers Javier Milei, le candidat populiste argentin, lors de la présidentielle. Depuis, leur complicité transparaît régulièrement sur le réseau social.
La surveillance autour de Musk et de son réseau social s’intensifie au sein de l’Europe. En décembre 2023, la Commission européenne a ouvert une enquête officielle contre X, soulignant trois infractions distinctes à la législation numérique, pouvant chacune entraîner des amendes équivalant à 6 % de son chiffre d’affaires global.