À partir de lundi, François Bayrou accueillera les différents partis politiques pour discuter d’une stratégie permettant d’établir un gouvernement capable de faire adopter un projet de budget malgré l’absence de majorité. Les socialistes prévoient de se rendre à cette rencontre.
Le lundi 16 décembre au matin, François Bayrou débute une série de rencontres avec les groupes parlementaires, marquée par un changement d’attitude notable de la gauche. Cette fois-ci, les socialistes ont décidé de se rendre à l’entrevue, de même que les écologistes et les communistes qui les suivront le mardi. La situation diffère de celle de début septembre, où ils avaient choisi de ne pas recevoir Michel Barnier juste après sa nomination. À cette époque, le groupe PS avait immédiatement déclaré qu’il voterait contre le gouvernement, sans même attendre le discours de politique générale du Premier ministre.
Ce positionnement intransigeant, qui était aligné sur celui de la France insoumise, est désormais abandonné par le dirigeant du PS, Olivier Faure. Ce dernier a adopté une nouvelle approche, envisageant un « accord de non-censure ». Bien que cet accord ne soit pas encore « acquis », il est considéré « possible » à condition de réaliser des « concessions réciproques ». La première de ces concessions serait que François Bayrou renonce à l’usage de l’article 49.3. Cette ouverture aux discussions, amorcée avec Emmanuel Macron le mardi précédent, a suscité la colère de Jean-Luc Mélenchon, dont le parti continue de boycotter les invitations de l’exécutif.
Rétablir une culture de gouvernement
La rupture entre la France insoumise et le Parti socialiste est désormais actée. Olivier Faure n’hésite pas à noter qu’il n’a pas échangé avec Jean-Luc Mélenchon depuis un an et demi. À propos de ce dernier, Faure déclare : « Plus Jean-Luc Mélenchon crie, moins on l’entend ». Ce divorce est le reflet d’une « divergence stratégique profonde », selon Faure. Les insoumis réclament la « destitution » d’Emmanuel Macron et appellent à une présidentielle anticipée pour permettre une nouvelle candidature de Mélenchon. Les socialistes, dépourvus de candidat à ce stade, n’ont aucun intérêt à accélérer les échéances électorales. Au lieu de s’orienter vers l’impasse, ils cherchent à faciliter une sortie de crise, et ainsi se rapprocher de la culture de gouvernement qu’ils ont délaissée depuis sept ans. En réalité, ce fossé met en évidence la distinction historique entre deux gauches – l’une estime que le changement radical s’impose et l’autre privilégie une approche réformiste et progressive.
Ce clivage s’exprime maintenant en raison d’une situation historique cruciale qui pourrait précipiter le pays dans l’instabilité institutionnelle ou bien conduire à une nouvelle forme de gouvernance plus sereine et parlementaire. De plus, cela s’explique par le calendrier personnel d’Olivier Faure. Critiqué pour sa proximité avec la France insoumise, il travaille à rassembler son parti en vue du congrès prévu au cours du premier semestre 2025.
Il appartient désormais à François Bayrou de jouer ses cartes. Son avenir, tout comme celui des socialistes et possiblement celui de la Vème République, repose sur les concessions qu’il sera prêt à faire, notamment en matière de proportionnelle, de retraites et d’immigration.