Au cours des dernières semaines, il semblait que le Parti socialiste faisait preuve d’une certaine ouverture, mais il apparaît maintenant comme le principal perdant de cette initiative. Dès que le gouvernement a été annoncé lundi, Olivier Faure, qui dirige le parti, n’a pas caché sa déception et sa frustration.
La gauche a vivement réagi suite à l’annonce des membres du nouveau gouvernement. Dès la diffusion de la liste, le lundi 23 décembre, Olivier Faure a exprimé sa colère. « Ce gouvernement n’est rien d’autre qu’une provocation. La droite extrême prend les rênes sous la vigilance de l’extrême droite, a déclaré le secrétaire général du Parti socialiste français.
Les socialistes ont l’impression que François Bayrou a choisi Xavier Bertrand pour plaire au Rassemblement National, ce que Matignon nie fermement, sans rien offrir en retour aux socialistes ! À l’inverse, on observe une alliance marquée à droite avec Retailleau et Darmanin occupant les portefeuilles de l’Intérieur et de la Justice, des figures ayant perdu leurs sièges législatifs telles qu’Amélie de Montchalin et Patrick Mignola, et le retour d’Élisabeth Borne, symbole de la politique macroniste et du recours au 49.3. À Bercy, même si un ancien des équipes Sapin et Rocard est désormais présent, Éric Lombard risque, selon eux, de ne pas bénéficier de toute la liberté nécessaire. L’arrivée de Manuel Valls aux Outre-mer, représentant une gauche sécuritaire, contribue davantage à la crispation de l’ensemble de la gauche qu’à un élargissement du socle d’union.
Pourtant, Olivier Faure avait exprimé, il y a deux semaines sur 42mag.fr, une ouverture à une possible participation au gouvernement, envisageant pour la première fois depuis la dissolution, une telle option. Probablement poussé par des pressions en interne souhaitant s’éloigner des insoumis, il s’était montré prêt à dialoguer avec les macronistes et la droite sur la base « d’échanges de concessions ». Cela a immédiatement provoqué une réaction virulente de la part des partisans de Mélenchon, accusant une trahison au sein de la Nupes.
Un mauvais présage pour le PS
Après des discussions avec Emmanuel Macron puis François Bayrou, la position du Parti socialiste est redevenue : pas d’entrée au gouvernement, mais pourquoi pas envisager un « pacte de non-censure ». Un concept soutenu depuis l’été par le député Philippe Brun. C’est alors que François Bayrou s’est montré conciliant en suggérant de reprendre la réforme des retraites, sans toutefois la suspendre, ce qui est techniquement impossible. Récemment, les socialistes avancent avoir soumis à Matignon une solution réalisable, croyant même que le Premier ministre la révélerait lundi soir sur BFM. Non seulement la suspension n’a pas eu lieu, mais l’idée d’un accord de non-censure a été fermement rejetée. Cela laisse François Bayrou en danger face à une possible censure dès janvier, mais pour Olivier Faure, c’est également une déception.
Il a assumé le risque d’une rupture avec la France insoumise, un danger surtout électoral en vue des municipales de 2026, voire des législatives anticipées avant cela, sans même ramener des résultats concrets pour ses partisans alors que son leadership sera remis en question lors du prochain congrès. « Pour conclure un accord, deux volontés doivent se rencontrer. Ce soir, la sienne est absente », a déploré Olivier Faure lundi soir sur 42mag.fr.
Un de ses opposants au sein du parti, plus optimiste, a remarqué au moins que « on pourra dire que les socialistes ont respecté leur engagement avec le front républicain et le pacte de non-censure, et que le duo Macron/Bayrou a préféré suivre l’avis de Jean-Luc Mélenchon ».