En déclarant ouvertement son refus de rejoindre le gouvernement, peu avant que François Bayrou ne révèle la composition de son équipe, le président de la région des Hauts-de-France a soulevé des interrogations quant à l’influence exercée par le RN en coulisses.
Les Tourments de François Bayrou Face au Départ de Xavier Bertrand
Depuis le 23 décembre, un véritable casse-tête s’est imposé à François Bayrou avec la situation complexe de Xavier Bertrand. Ce dernier, à la tête de la région Hauts-de-France, a annoncé qu’il n’a pas intégré le gouvernement en raison du veto posé par le Rassemblement National. Ce retrait opportuniste lui confère l’image d’un homme audacieux se dressant contre l’extrémisme de droite, ce qui lui vaut des éloges inattendus de la part de figures ecologistes, comme Marine Tondelier. Sur le réseau social X, la Secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts a déclaré : « Même si nos orientations politiques divergent, nous nous rejoignons toujours sur la nécessité de contenir l’extrême droite. » Fabien Roussel, du Parti Communiste, a également exprimé son admiration, qualifiant cet acte de « goutte de dignité dans un océan de mesquinerie. »
Simultanément, François Bayrou tente de promouvoir un récit différent. Sur BFMTV, il argumente que Xavier Bertrand et lui avaient des divergences sur la vision qu’ils avaient du ministère de la Justice. Plus précisément, Xavier Bertrand aurait proposé une approche directe pour la perception des amendes salariales, une méthode considérée par Bayrou comme un manque de respect au civisme. Selon Matignon, ce différend prouverait que François Bayrou n’est nullement sous l’influence du RN, malgré les cris d’alarme des partisans de Marine Le Pen menaçant de censurer si Xavier Bertrand obtenait un poste. Bayrou a tout de même tenté de lui offrir le ministère de l’Agriculture, une position stratégique en relation avec le RN, que Bertrand a également refusée. En dépit des assurances autour de Bayrou qu’aucune conversation n’avait eu lieu avec Marine Le Pen durant cette période, sa version semble être ignorée, renforçant le doute sur son indépendance vis-à-vis du RN.
Les Implications de la Réforme des Retraites
La vérité réside peut-être dans le contexte d’un Parti Socialiste plus que jamais marqué par des divisions internes. Lorsque les discussions entre les socialistes et François Bayrou proposaient un pacte de non-censure, le Premier ministre aurait pu ne pas prêter attention aux menaces du RN et inclure Xavier Bertrand dans son équipe. Sur le plan des chiffres, il était à deux doigts d’une majorité, présupposant l’alignement des écologistes et des communistes avec leurs partenaires socialistes. Pourtant, ce même lundi soir, François Bayrou coupe court aux négociations en direct sur BFMTV, rejetant tout accord de non-censure et la mise en pause de la réforme des retraites. Le lendemain, ceux qui entourent Boris Vallaud, le président du groupe, tentent encore de trouver de l’espoir, bien que le premier secrétaire Olivier Faure, s’exprimant sur France Inter, enterre définitivement cette perspective.
Pendant ce temps, c’est un triomphe pour le RN. Non seulement Xavier Bertrand ne devient pas Garde des Sceaux, mais Gérald Darmanin, qui avait soutenu Marine Le Pen contre une potentielle inéligibilité dans l’affaire des assistants parlementaires, occupe désormais ce poste clé. Tous les yeux seront tournés vers le prochain dénouement, prévu pour le 16 janvier, alors que la motion de censure des insoumis sera mise au vote.