Ce soir, à 20 heures, le président de la République prononcera pour la huitième fois ses vœux à la population française. Toutefois, cette intervention se distinguera par le fait qu’il ne jouera pas un rôle central dans la sphère politique, suite à l’échec de sa tentative de dissolution en juin dernier.
Il s’agit d’une coutume bien ancrée. Cependant, cette année, cet événement revêt un caractère un peu unique. Le mardi 31 décembre, Emmanuel Macron adresse ses vœux pour l’année 2025 aux Français lors de la traditionnelle allocution télévisée du Nouvel An, espérant ainsi tourner la page après une année marquée par une dissolution infructueuse de l’Assemblée nationale. Depuis cette dissolution en juin, le président de la République a perdu sa position centrale dans l’échiquier politique.
Emmanuel Macron doit donc adapter sa façon de s’y prendre pour ses vœux aux Français, car il n’a plus la même prise. Terminé l’époque où le président, après avoir justifié son bilan, esquissait les grandes orientations des politiques à venir : cette responsabilité revient désormais au gouvernement, formé la veille de Noël. François Bayrou prendra la parole pour son discours de politique générale à la mi-janvier.
Un rôle de « protecteur »
Le contexte politique a évolué : les proches d’Emmanuel Macron insistent sur le fait que « le gouvernement gouverne » et que « le Président préside« . C’est donc au Premier ministre de doter la France d’un budget pour 2025 et de répondre aux multiples défis, comme celui de la colère des agriculteurs menaçant de bloquer Paris à nouveau, ou face aux préoccupations des Mahorais, des Calédoniens, des habitants des zones sans accès médical, ou encore des ouvriers menacés de perdre leur emploi… Pour la première fois en sept ans, Emmanuel Macron n’adopte plus une « posture de dirigeant« , explique-t-on autour de lui, il devient le « protecteur« .
Bien qu’accusé d’avoir déstabilisé profondément les institutions de la Ve République avec la dissolution de l’Assemblée nationale, Emmanuel Macron soutient que cette décision politique n’est pas à l’origine de l’actuelle situation politique, mais qu’elle l’a révélée. Alors que trois camps s’affrontent, il pense demeurer le point d’équilibre, comme il l’a affirmé dans son discours après la censure du gouvernement Barnier. Par ailleurs, il n’envisage pas de quitter ses fonctions.
Culture du consensus et appel à la cohésion
Lors de son discours mardi soir, Emmanuel Macron expliquera probablement sa vision pour surmonter la crise, selon un de ses fidèles : il soulignera l’importance d’instaurer une culture du compromis dans le pays. Il ne pourrait, en effet, s’adresser aux Français en disant « Je vous ai laissé le volant et vous avez échoué« , ironise un proche, bien qu’il devrait inviter à la responsabilité, notamment des forces politiques.
En outre, le président appellera sans doute à l’unité. Une démarche attendue… venant de celui qui souhaite représenter sur la scène internationale une France et une Europe puissantes dans un monde perturbé par les conflits, l’essor des populismes, l’hostilité économique de la Chine et des États-Unis, tandis que Donald Trump s’apprête à prendre le pouvoir dans moins d’un mois.
En 2025, Emmanuel Macron honorera la mémoire de Marc Bloch, historien et résistant, en l’intronisant au Panthéon. Bloch, fusillé en 1944 par la Gestapo, est l’auteur de L’étrange défaite, qui analyse l’effondrement de la France face à l’Allemagne nazie. Comme le souligne un de ses plus proches conseillers, Emmanuel Macron reste déterminé à ne « rien céder à l’esprit de défaite« .