L’actrice s’est exprimée devant une commission parlementaire qui examine les agressions sexuelles dans le milieu cinématographique.
Mercredi 18 décembre, l’actrice Judith Godrèche a exprimé son regret de ne pas avoir été approchée par les individus influents du cinéma depuis qu’elle a porté des accusations de viol contre les réalisateurs Benoît Jacquot et Jacques Doillon.
« Personne de mon passé n’occupant une position significative dans le monde cinématographique – et donc, en termes de pouvoir – n’a pris contact avec moi depuis que j’ai exprimé mes expériences« , a déclaré l’actrice, âgée de 52 ans, lors de son témoignage devant la commission d’enquête des parlementaires français sur les agressions sexuelles dans l’industrie du cinéma.
Un silence très révélateur
Pour l’actrice, ce silence est lourd de sens. « Ce silence montre beaucoup de choses« , a-t-elle dit. « Il reflète possiblement de la peur. Il exprime un désir de ne pas perdre sa position. Il montre aussi une nécessité de naviguer avec précaution pour éviter les obstacles et d’être également mis à l’écart. »
Début 2024, Judith Godrèche a créé un électrochoc en accusant de viols Benoît Jacquot, un réalisateur de 25 ans son aîné, avec lequel elle avait une relation lorsque elle avait 14 ans. Elle a également formulé des accusations similaires contre Jacques Doillon. Des enquêtes sont en cours, et les deux réalisateurs réfutent ces accusations.
Un système qui broie les résistantes
Depuis qu’elle a manifesté ses accusations, « seules les personnes de ce passé, mais qui sont maintenant anonymes ou qui n’ont rien à perdre, ceux qui ne font plus partie de cet univers, m’ont soutenue« , a ajouté Judith Godrèche. Bien que son court-métrage Moi aussi ait été présenté au dernier Festival de Cannes, elle a avoué espérer « pouvoir continuer à vivre » dans le domaine du cinéma tout en exprimant son découragement. « Ce système opprime ceux qui résistent« , a-t-elle dénoncé.
Judith Godrèche a pris la parole ce mercredi 18 décembre en réponse aux déclarations de Serge Toubiana, une figure marquante du cinéma en France, qui avait affirmé lors de la même commission qu’il n’était pas au courant de sa relation avec Benoît Jacquot. Ancien responsable de la Cinémathèque française et ancien rédacteur en chef des Cahiers du cinéma, Serge Toubiana a d’abord affirmé ne pas connaître cette relation « intime« , avant de finalement admettre en être « évidemment » informé, ayant reçu le « couple » pour un dîner à l’époque.
Devant les parlementaires, Judith Godrèche a accusé Serge Toubiana, qui entretenait des liens étroits avec Benoît Jacquot, d’ « avoir manqué à la vérité sous serment« . « Il était au courant, tout le monde l’était, et lui plus que quiconque« , a-t-elle affirmé.