La violence contre les travailleuses du sexe en France a augmenté en 2024, avec des agressions signalées en hausse de 6 % par rapport à l’année précédente. De nombreuses victimes, en particulier les migrants sans papiers, restent silencieuses par crainte d’être expulsées.
Selon l’ONG Médecins du Monde, 3 110 violences contre les travailleuses du sexe ont été signalées cette année, dont 203 viols ou tentatives de viol et 82 agressions armées.
Parmi les victimes, la plupart sont des femmes migrantes, dont beaucoup ne se manifestent pas en raison de leur statut de sans-papiers et de la peur d’être expulsées.
En 2024, sept travailleuses du sexe, toutes des migrantes, ont été assassinées.
Des dizaines de personnes se sont rassemblées la semaine dernière près de l’Assemblée nationale à Paris pour réclamer une meilleure protection des travailleuses du sexe victimes de violences.
« Je n’ose pas crier »
Mei, une migrante chinoise et travailleuse du sexe qui manifestait, a déclaré à 42mag.fr : « J’ai des clients qui ne paient pas. J’ai des clients qui m’agressent. Je subis des violences sexuelles.
« En plus, je n’ose pas crier parce que j’ai peur de perdre mon appartement si mes voisins découvrent ce que je fais. Il y a de l’anxiété, de la tristesse et de la colère. Tout se mélange. Mais je le supporte seul. »
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Ting Chen, de l’association Les Roses d’Acier, qui soutient les travailleuses du sexe migrantes, a mis en place une ligne d’urgence.
Il souligne l’isolement auquel ces femmes sont confrontées. « Quand un migrant non francophone appelle le 15 ou le 17, personne ne répond. On lui dit : ‘Madame, désolé, vous ne parlez pas français’, même dans les cas les plus graves. »
Pour Paola Gioia Macioti, coordinatrice de la plateforme Jasmine à Médecins du Monde : « Cette montée des violences est directement liée aux lois répressives qui ont accru la précarité des travailleuses du sexe, sans changer les conditions matérielles qui poussent les gens à faire ce travail pour répondre à leurs besoins. besoins. »
Selon elle, la cause profonde réside dans une loi de 2016 qui pénalise les clients des travailleuses du sexe et les tiers qui les assistent.
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