Un tribunal de Paris a confirmé la peine à perpétuité prononcée contre Philippe Hategekimana Garnier, ancien gendarme rwandais, suite à sa condamnation pour génocide et crimes contre l’humanité.
La Cour d’appel de Paris a confirmé la condamnation à perpétuité prononcée contre Philippe Manier, ancien gendarme rwandais, rejugé pour son implication dans le génocide des Tutsi, après six semaines et demie de procédure d’appel.
Garnier (né Philippe Hategekimana au Rwanda) a été reconnu coupable de presque toutes les accusations portées contre lui.
Son implication dans le génocide rwandais de 1994, au cours duquel environ 800 000 personnes, pour la plupart des Tutsis, ont été tuées par les forces hutues et leurs alliés, a été au cœur du procès.
Ce verdict fait partie d’un effort plus large en France visant à traduire en justice les auteurs du génocide.
Le président du tribunal s’est déclaré « le bras zélé du génocide » par son « action déterminée mais décisive », ajoutant que sans lui, « les faits n’auraient pas atteint une telle ampleur ».
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Satisfaction
Debout sur le banc des accusés pour entendre la décision du tribunal, Manier n’a pas réagi à l’annonce de la sentence.
Le verdict rendu par le tribunal est conforme aux accusations portées par le Parquet national antiterroriste (Pnat) le 13 décembre.
Le président du Collectif des parties civiles pour le Rwanda (CPCR), Alain Gauthier, a déclaré à 42mag.fr après l’audience que le collectif était « satisfait de cette décision ».
« Nous l’attendions. Personnellement, je n’avais aucun doute sur la décision qui serait prise. M. Hategekimana avait la même ligne de défense qu’en première instance, c’est à dire qu’il n’était pas présent au moment des faits dont il a été accusé. Et franchement, c’était une défense impossible », a-t-il déclaré.
De nombreux massacres
Hategekimana, 67 ans, est devenu citoyen français naturalisé en 2005 sous le nom de Philippe Manier.
L’ancien gendarme rwandais a toujours nié toute implication dans le génocide et a même affirmé avoir sauvé les Tutsis.
En juin de cette année, il a été reconnu coupable d’avoir participé ou encouragé le meurtre de dizaines de Tutsis dans la préfecture de Butare, dans le sud du Rwanda, en 1994.
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Surnommé Biguma au moment des faits, l’ancien adjudant-chef était également accusé d’avoir participé ou encouragé l’assassinat du maire de Ntyazo, qui avait résisté à la mise en œuvre du génocide dans sa commune.
Selon l’accusation, Hategekimana avait également ordonné et supervisé l’érection de plusieurs « barrières », des barrages routiers « destinés à contrôler et tuer des civils tutsis ».
Le parquet lui reproche également d’avoir participé à plusieurs massacres en donnant des ordres, voire en étant directement impliqué sur le terrain.
Les avocats de l’ancien gendarme ont annoncé leur intention de se pourvoir en cassation.