L’ancienne ministre considère que le placement de Nicolas Sarkozy sous surveillance électronique pourrait améliorer la perception des Français envers le système judiciaire. Cependant, elle estime que les choix d’Emmanuel Macron concernant François Bayrou, ancien ministre de la Justice devenu désormais Premier ministre, manquent de cohérence.
« Être sous le coup d’une mise en examen ne constitue plus un critère suffisant pour s’abstenir d’exercer des fonctions publiques, » a déclaré avec regret Laurence Rossignol, ancienne ministre socialiste des Droits des femmes, lors de son intervention sur 42mag.fr le jeudi 19 décembre. Elle a particulièrement visé François Bayrou, récemment nommé Premier ministre. Le maire de Pau, acquitté dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires du MoDem par manque de preuves, voit le parquet faire appel de cette décision.
« C’est tout de même étrange qu’il ait dû abandonner sa fonction de ministre de la Justice en 2017 suite à sa mise en examen, et que dans la situation actuelle où il sera de nouveau jugé avec l’appel du parquet sur l’acquittement prononcé, il puisse occuper la fonction de Premier ministre, » s’interroge Laurence Rossignol. « Cela démontre un manque de logique de la part du président de la République, » poursuit-elle.
La sénatrice socialiste relève que François Bayrou n’est pas un cas isolé : « Il me semble que Rachida Dati est également sous le coup d’une mise en examen, n’est-ce pas ? Le véritable problème réside peut-être ici, dans le fait que les mises en examen ne sont plus considérées comme une raison valable » pour « éviter d’occuper des responsabilités publiques », souligne-t-elle. L’ex-ministre de la Culture a, en effet, été mise en examen pour soupçon de corruption passive et de trafic d’influence passif en sa qualité d’élue.
Une justice nettement plus autonome qu’il y a 50 ans
Laurence Rossignol a également évoqué la condamnation de Nicolas Sarkozy. La Cour de cassation a récemment rejeté le pourvoi de l’ancien président de la République dans le cadre de l’affaire Bismuth, confirmant ainsi sa peine de trois ans de prison, dont un an ferme à purger sous bracelet électronique. « J’éprouve des doutes sérieux concernant l’intégrité de cet homme. Sa condamnation peut contribuer à rapprocher les Français de leur système judiciaire. Cela signifie que les responsables politiques sont également tenus de rendre des comptes pour leurs actes condamnables, ce qui est relativement rassurant, » a réagi la sénatrice.
D’après elle, les poursuites judiciaires visant les responsables politiques sont plutôt encourageantes : « La justice était-elle moins impartiale qu’aujourd’hui? » Je penche pour cette hypothèse. Je ne suis pas convaincue que les politiciens soient plus immoraux qu’ils ne l’étaient il y a cinquante ans. Néanmoins, la justice est devenue incontestablement plus indépendante. », conclut-elle.